L'état ou le potentiel écologique est déterminé par l'agrégation des éléments de qualité biologiques et physico-chimiques (éléments de qualité physico-chimiques généraux et polluants spécifiques de l'état écologique). L'élément de qualité Hydromorphologie, intervenant pour évaluer le très bon état des lacs naturels, n'est pas pris en compte dans l'attente du développement d'indicateurs spécifiques. L'état des éléments de qualité biologiques est déterminant dans l'attribution de l'état écologique des plans d'eau. Ainsi, les éléments de qualité physico-chimiques ne peuvent pas déclasser l'état écologique en deçà d'un état moyen, contrairement aux éléments de qualité biologiques qui peuvent conduire à un état écologique médiocre à mauvais dans le cas de milieux très altérés par rapport aux conditions de référence.
L'évaluation du potentiel écologique ne concerne que les plans d'eau d'origine anthropique (masses d'eau fortement modifiées MEFM et masses d'eau artificielles MEA). Elle ne prend en compte, pour l'instant, que l'élément de qualité Phytoplancton parmi les éléments biologiques. Le potentiel écologique des plans d'eau d'origine anthropique a été déterminé en considérant que les pressions hydromorphologiques hors contraintes techniques obligatoires (CTO) étaient nulles à faibles pour l'ensemble des plans d'eau.
Les règles d'évaluation de l'état écologique appliquées ici reposent sur la seule prise en compte des données 2023 et éventuellement, des données Poissons d’une année antérieure (la plus récente disposant de données pour l'élément de qualité "Poissons"). Cette évaluation ne respecte donc pas strictement les règles de l’arrêté du 27 juillet 2018 relatif aux méthodes et critères d’évaluation de l’état écologique, de l’état chimique et du potentiel écologique des eaux de surface, prenant en compte les 6 années consécutives les plus récentes.
Agrégation des éléments de qualité biologiques et physico-chimiques et détermination de l'état (potentiel) écologique
Dpt : département.
Type : type de plan d'eau => naturel (NAT), anthropique (MEFM = masse d'eau fortement modifiée / MEA = masse d'eau artificielle).
Etat PCH G : état des éléments physico-chimiques généraux (agrégation des éléments de qualité "concentration en nutriments NUTR" et "transparence TRANS").
Etat PSEE : état des polluants spécifiques de l'état écologique. 17 substances prises en compte : 4 métaux (arsenic, chrome, cuivre et zinc) et 13 polluants synthétiques, dont 12 pesticides. L'état affiché prend en compte le fond géochimique défini pour certains métaux, ainsi que leur biodisponibilité. Seules deux classes d'état sont définies : B (Bon) / MOY (Moyen).
Etat BIO : état des éléments biologiques (agrégation des éléments de qualité "phytoplancton IPLAC" et autres éléments pertinents : "macrophytes IBML", "poissons IIL"). L'élément de qualité poissons n'étant pas nécessairement suivi la même année que les autres éléments de qualité (suivi réalisé par l'Office Français pour la Biodiversité), le résultat de la dernière année connue, qualifiée de correcte, est considéré pour le calcul de l'état écologique.
Etat/Pot ECO : état écologique des plans d'eau naturels / potentiel écologique des plans d'eau anthropiques.
Classes d'état : TB (Très Bon) / B (Bon) / MOY (Moyen) / MED (Médiocre) / MAUV (Mauvais) / ND (non déterminé).
Commentaire... : Assoupliss. = Assouplissement de la règle du paramètre déclassant (cf. arrêté évaluation)
Déclass. = élément de qualité déclassant ou paramètre déclassant.
IIL = Indice Ichtyofaune Lacustre (EQ biologique poisson)
IBML = Indice Biologique Macrophytique en Lac (EQ biologique macrophyte)
IPLAC = Indice Phytoplanctonique Lacustre (EQ biologique phytoplancton)
EQ = Elément de Qualité
Le tableau présente en termes de classes d'état les résultats acquis sur les 24 plans d'eau ayant fait l'objet d'un suivi annuel en 2023.
L'état/potentiel écologique n'est déterminable que sur 15 de ces plans d'eau, l'ensemble des éléments de qualité nécessaires à l'évaluation de l'état n'ayant pas été systématiquement suivi en application des règles de l'arrêté du 26 avril 2022 modifiant l’arrêté du 25 janvier 2010 établissant le programme de surveillance de l’état des eaux.
Sur les 4 lacs naturels où un état écologique est calculable :
Un seul lac atteint le bon état. Il s'agit du lac de Sylans, dans l'Ain, situé à proximité de Nantua. L'ensemble des éléments de qualité physico-chimiques et biologiques devant être suivis sur ce plan d'eau (= EQ pertinents) sont ainsi classés en bon ou très bon état ;
2 lacs sont classés en état écologique moyen : pour l'étang des Aulnes, situé dans les Bouches du Rhône, entre le Rhône et l'étang de Berre, dans la plaine de Crau, l'élément de qualité biologique macrophytes est seul responsable de ce déclassement. L'étude du peuplement phytoplanctonique conclut cependant en un indicateur IPLAC surévalué pour ce plan d'eau et un classement en état moyen paraitrait plus justifié également (Cf. explications dans les parties consacrées aux macrophytes et au phytoplancton).
Pour le lac des Rousses, localisé dans le parc naturel régional du Haut-Jura, ce résultat provient à la fois du déclassement des éléments physico-chimiques généraux (nutriments) et de l'élément de qualité biologique "poissons" (Cf. explications dans les parties consacrées aux éléments physico-chimiques généraux et aux poissons).
Un plan d'eau est classé en état écologique médiocre : le lac de Paladru, localisé en Isère, en raison de l'élément de qualité poissons (Cf. explications dans les parties consacrées aux poissons). L'évaluation en état moyen des éléments physico-chimiques généraux et la situation préoccupante du peuplement macrophytique, confirment l'altération constatée sur ce plan d'eau (Cf. explications dans les parties consacrées aux éléments physico-chimiques généraux et aux macrophytes).
Sur les 11 plans d'eau d'origine anthropique où un potentiel écologique est calculable :
4 affichent un bon potentiel écologique : la retenue de Devesset en Ardèche, la gravière du Drapeau, en région lyonnaise, la retenue de Carcès dans le Var et la gravière de Montrevel, dans l'Ain. Pour les deux derniers plans d'eau cités, cette situation s'avère cependant surévaluée d'après l'étude du peuplement phytoplanctonique. A noter que l'élément de qualité macrophytes, à considérer comme paramètre complémentaire à l'évaluation, conforte le bon potentiel écologique obtenu pour la gravière du Drapeau, ce qui n'est pas le cas pour la gravière de Montrevel, où le niveau de dégradation des peuplements macrophytique est important (Cf. explications dans la partie consacrée aux macrophytes) ;
7 sont classés en potentiel écologique moyen : pour les réservoirs de Chazilly, Panthier, Vingeanne (alimentant respectivement le canal de Bourgogne pour les deux premiers et le canal entre Champagne et Bourgogne pour le dernier) et la retenue de Villeneuve-de-la-Raho, située au sud de Perpignan, l'altération du compartiment phytoplanctonique, associé aux éléments de qualités physico-chimiques généraux (NUTR et/ou TRANS) et aux polluants spécifiques de l'état écologique pour Chazilly et Villeneuve-de-la-Raho, sont responsables de ces déclassements (Cf. partie consacrée au phytoplancton et aux éléments physico-chimiques généraux). Concernant les polluants spécifiques de l'état écologique, des concentrations élevées en arsenic sont observées sur certaines campagnes (jusqu'à 52.3 µg/l sur Chazilly et 35.6 µg/l sur Villeneuve-de-la-Raho), sans doute du fait de l'anoxie qui règne en profondeur, entraînant le relargage de ce composé métallique.
Pour la retenue de Vouglans (plus grande retenue de la chaîne de l'Ain) et la gravière de Saint-Denis-lès-bourg, localisée à proximité de Bourg-en-Bresse, l'altération des éléments de qualités physico-chimiques généraux sont seuls responsables de ce déclassement. Ainsi, les teneurs élevées en nitrates constatées sur la retenue de Vouglans d'une part, et la dégradation de l'élément de qualité nutriments (paramètres nitrates et ammonium) sur la gravière de Saint-Denis-lès-bourg, d'autre part, conduisent à ce résultat. L'élément de qualité macrophytes, à considérer comme paramètre complémentaire à l'évaluation, conforte le potentiel écologique moyen obtenu sur la gravière de Saint-Denis-lès-Bourg (Cf. explications dans les parties consacrées aux éléments physico-chimiques généraux et aux macrophytes).
Sur l'étang de Jouarres, situé dans l'Aude, le long du canal du Midi, seule la qualité physico-chimique des eaux, dégradée par les polluants spécifiques de l'état écologique est en cause (des concentrations en arsenic de 2 à 4 µg/l sont observées durant le suivi annuel).