Les macrophytes regroupent l'ensemble des végétaux aquatiques visibles à l'oeil nu. Ils sont étudiés au niveau de plusieurs unités d'observations (UO) positionnées sur les différents types de rives du plan d'eau afin de disposer d'une image représentative du peuplement macrophytique. Le nombre d'UO étudiées est fonction de la superficie du plan d'eau : généralement de 3 à 8 UO par plan d'eau. Sur chaque UO, deux types de relevés floristiques sont réalisés :
Un relevé de la zone littorale permettant d'inventorier la zone peu profonde du plan d'eau : il correspond à la prospection d'une bande de 100 mètres de long, parallèle à la rive et pouvant s'étendre jusqu'à 1 mètre de profondeur ;
Trois profils perpendiculaires à la rive, distants de 50 mètres chacun, de minimum 20 m et maximum 100 m de long où sont effectuées 30 recherches de macrophytes (points contacts) réparties de manière régulière le long des transects. Ces profils permettent d'étudier la zone profonde du plan d'eau, abritant les espèces purement aquatiques.
Cette méthode d'échantillonnage correspond à l'application de la norme XP T90-328 et s'applique aux plans d'eau faiblement marnants (inférieur à 2 m de marnage).
L'évaluation de cet élément de qualité repose sur l'Indice Biologique Macrophytique en Lac (IBML) constitué à ce jour d'une métrique. Il exprime un niveau de "dégradation globale" du peuplement macrophytique du plan d'eau.
Les valeurs IBML de 2021 et des suivis antérieurs
Note de Trophie /20 | IBML EQR /1 | Classe ETAT | Type | Qualification | Commentaire | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Nom du plan d'eau | Année | ||||||
AIGUEBELETTE | 2021 | 9.4 | 0.556 | MOY | Naturel | Correcte | |
2015 | 9.87 | 0.615 | B | Naturel | Correcte | ||
2009 | 8.59 | 0.453 | MOY | Naturel | Incertaine | Ancienne méthode (que 5 UO de réalisées alors que 6 nécessaires selon norme 2010 et type 3 échantillonné alors qu'il représente moins de 5% du linéaire de rive) - état moyen pas cohérent avec autres EQ, pas de pression => qualification incertaine | |
CLAIRVAUX | 2021 | 10.39 | 0.681 | B | Naturel | Correcte | |
2018 | 10.06 | 0.639 | B | Naturel | Correcte | ||
2012 | 11.03 | 0.763 | B | Naturel | Correcte | ||
2009 | 10.8 | 0.733 | B | Naturel | Correcte | ||
GRAND-LARGE | 2021 | 8.02 | 0.443 | MOY | MEA | Correcte | |
2018 | 8.09 | 0.454 | MOY | MEA | Correcte | ||
2015 | 7.56 | 0.375 | MED | MEA | Correcte | ||
2012 | 7.91 | 0.427 | MOY | MEA | Correcte | ||
2009 | 6.91 | 0.28 | MED | MEA | Correcte | ||
LAFFREY | 2021 | 11.91 | 0.874 | TB | Naturel | Correcte | |
2015 | 10.03 | 0.636 | B | Naturel | Correcte | ||
PETICHET | 2021 | 9.26 | 0.538 | MOY | Naturel | Correcte | |
2018 | 9.13 | 0.522 | MOY | Naturel | Correcte | ||
2015 | 10.15 | 0.651 | B | Naturel | Correcte | ||
2012 | 9.26 | 0.538 | MOY | Naturel | Correcte | ||
2009 | 8.52 | 0.444 | MOY | Naturel | Correcte | ||
REALTOR | 2021 | 10.92 | 0.869 | TB | MEA | Correcte | |
2018 | 8.66 | 0.536 | MOY | MEA | Correcte | ||
2015 | 8.07 | 0.45 | MOY | MEA | Correcte | ||
2012 | 7.78 | 0.407 | MOY | MEA | Correcte | ||
2009 | 7.65 | 0.389 | MED | MEA | Correcte | ||
REMORAY | 2021 | 10.13 | 0.648 | B | Naturel | Correcte | |
2018 | 10.4 | 0.682 | B | Naturel | Correcte | ||
2015 | 10.26 | 0.664 | B | Naturel | Correcte | ||
2009 | 10.91 | 0.747 | B | Naturel | Correcte | ||
SAINT-POINT | 2021 | 9.57 | 0.577 | MOY | Naturel | Correcte | |
2018 | 9.27 | 0.539 | MOY | Naturel | Correcte | ||
2015 | 9.38 | 0.554 | MOY | Naturel | Correcte | ||
2012 | 9.36 | 0.551 | MOY | Naturel | Correcte | ||
2009 | 9.87 | 0.616 | B | Naturel | Correcte |
MEA : Masse d'Eau Artificielle.
Indices calculés avec le SEEE (V1.0.1)
Plus l’indice IBML tend vers 1, plus l’élément de qualité macrophytique s’apparente au très bon état.
Qualification : la qualification de la donnée est le niveau de confiance qu’un opérateur a dans la conformité d'un résultat (Correcte/Incertaine/Incorrecte)
L'IBML s'applique aussi bien aux plans d'eau naturels qu'aux plans d'eau d'origine anthropique (quand cet élément de qualité est jugé pertinent). Cependant, les valeurs obtenues sur les plans d'eau d'origine anthropique (cas du réservoir du Grand-Large et du bassin du Réaltor en ce qui concerne le suivi 2021) ne sont pas utilisées pour évaluer le potentiel écologique des MEA/MEFM, selon les dispositions de l'arrêté "Evaluation" de juillet 2018 : il s'agit dans ce cas d'un outil complémentaire d'aide au diagnostic.
Les 6 lacs naturels ayant fait l'objet d'un suivi affichent un état macrophyte compris entre l'état moyen et le très bon état :
Le lac de Laffrey est le seul à être classé en très bon état pour ce compartiment biologique en 2021. La valeur de l'indice a significativement augmenté entre les suivis 2015 et 2021 (+0.23 en EQR). Les herbiers à characées se sont bien développés sur ce plan d'eau entre ces deux suivis (5 espèces différentes identifiées en 2021 : Chara contraria, Chara tomentosa, Chara intermedia, Chara strigosa et Chara globularis) et certaines algues polluotolérantes et au profil écologique eutrophe n'ont pas été retrouvées (Rhizoclonium, Vaucheria). Cette amélioration apparente du compartiment macrophytique devra être confirmée lors des prochains suivis.
Le lac de Remoray dans le Doubs et le lac de Clairvaux dans le Jura sont tous deux classés en bon état pour l'élément de qualité macrophytes. Bien que l'historique des valeurs illustre une grande stabilité de l'évaluation macrophytique de ces deux plans d'eau en termes de classe d'état, l'interprétation des peuplements observés incite à surveiller attentivement l'évolution de cette végétation ( Cf. rapports annuels en ligne sur le SIE). Ainsi, certaines espèces à valeur patrimoniale n'ont pas été revues en 2021 sur le lac de Remoray. La sécheresse de 2018 est une hypothèse avancée pour expliquer ces résultats, la beine lacustre ayant subi un assec sur plusieurs mois pouvant influer sur le développement des espèces les plus sensibles. Quant au lac de Clairvaux, la quasi-disparition des characées interpelle, des conditions d'habitat favorable étant présentes sur ce plan d'eau. Une très faible présence d'hélophytes est également à relever sur le lac de Clairvaux. Cela pourrait s'expliquer par la turbidité récurrente des eaux du fait de la remise en suspension de fines minérales lors des épisodes de houle, constituant un frein à leur implantation.
3 lacs sont classés en état moyen : Aiguebelette, Pétichet et Saint-Point. Les valeurs d'indices IBML (EQR) restent assez stables sur ces plans d'eau selon les différentes années de suivi. Le lac de Pétichet ne présente que très peu d'herbiers aquatiques. Les communautés de macrophytes sont peu diversifiées sur le lac d'Aiguebelette et principalement constituées de roselières et de communautés algales. Quelques herbiers de phanérogames ont été identifiés (dominés par la Grande naïade et le Potamot pectiné), les characées étant pour leur part très peu observées (3 espèces relevées : Nitellopsis obtusa, Chara contraria et Chara globularis). Concernant le lac de Saint-Point, bien que l'indice IBML obtenu soit assez proche du seuil de bon état, l'évolution du peuplement paraît plus inquiétante avec la réduction de la diversité des espèces observées par rapport aux relevés historiques, le développement d'espèces relativement tolérantes à l'eutrophisation du milieu et la raréfaction des characées.
Concernant les plans d'eau d'origine anthropique suivis sur le volet macrophytes en 2021 :
Le bassin du Réaltor affiche un très bon état. Cette évaluation est en nette progression par rapport aux précédents suivis qualifiant l'état des peuplements macrophytiques de globalement moyen. Le suivi 2021 a mis en évidence une modification des espèces dominantes des herbiers, avec la faible présence des espèces eutrophes comme le Potamot perfolié et la Grande naïade (abondants en 2018) au profit du fort développement des herbiers à characées (Chara globularis et Chara contraria), au profil écologique plus mésotrophe. Ce constat devra être confirmé par de prochains suivis. L'évaluation en très bon état est cependant contestable compte tenu de l'importance du recouvrement de la végétation aquatique (estimé de 90 % à 100 % de la surface du plan d'eau).
Le réservoir du Grand-Large affiche un état moyen avec une valeur d'indice quasi identique à celle obtenue lors du précédent suivi de 2018. La characée Nitellopsis obtusa au profil méso-eutrophe domine la composition des herbiers aquatiques rencontrés, accompagnée par des espèces caractéristiques de milieux eutrophes (Grande naïade, Myriophylle en épis, Cératophylle épineux).