Les macrophytes regroupent l'ensemble des végétaux aquatiques visibles à l'oeil nu. Ils sont étudiés au niveau de plusieurs unités d'observations (UO) positionnées sur les différents types de rives du plan d'eau afin de disposer d'une image représentative du peuplement macrophytique. Le nombre d'UO étudiées est fonction de la superficie du plan d'eau : généralement de 3 à 8 UO par plan d'eau. Sur chaque UO, deux types de relevés floristiques sont réalisés :
Un relevé de la zone littorale permettant d'inventorier la zone peu profonde du plan d'eau : il correspond à la prospection d'une bande de 100 mètres de long, parallèle à la rive et pouvant s'étendre jusqu'à 1 mètre de profondeur ;
Trois profils perpendiculaires à la rive, distants de 50 mètres chacun, de minimum 20 m et maximum 100 m de long où sont effectuées 30 recherches de macrophytes (points contacts) réparties de manière régulière le long des transects. Ces profils permettent d'étudier la zone profonde du plan d'eau, abritant les espèces purement aquatiques.
Cette méthode d'échantillonnage correspond à l'application de la norme NF T90-328 et s'applique aux plans d'eau faiblement marnants (inférieur à 2 m de marnage).
L'évaluation de cet élément de qualité repose sur l'Indice Biologique Macrophytique en Lac (IBML) constitué à ce jour d'une métrique, la note de trophie qui traduit la productivité du milieu et qui est ensuite convertie en une valeur normée (EQR) de 0 à 1. Il exprime un niveau de "dégradation globale" du peuplement macrophytique du plan d'eau.
Les valeurs IBML de 2023 et des suivis antérieurs
MEA : Masse d'Eau Artificielle.
MEFM : Masse d'Eau Fortement Modifiée.
Indices calculés avec le SEEE (V1.0.1 de l'indicateur macrophytes)
Plus l’indice IBML tend vers 1, plus l’élément de qualité macrophytique s’apparente au très bon état.
Qualification : la qualification de la donnée est le niveau de confiance qu’un opérateur a dans la conformité d'un résultat (Correcte/Incertaine/Incorrecte)
L'IBML s'applique aussi bien aux plans d'eau naturels qu'aux plans d'eau d'origine anthropique (quand cet élément de qualité est jugé pertinent). Cependant, les valeurs obtenues sur les plans d'eau d'origine anthropique (cas des gravières du Drapeau, de Montrevel-en-Bresse et de Saint-Denis-lès-Bourg en ce qui concerne le suivi 2023) ne sont pas utilisées pour évaluer le potentiel écologique des MEA/MEFM, selon les dispositions de l'arrêté "Evaluation" de juillet 2018 : il s'agit dans ce cas d'un outil complémentaire d'aide au diagnostic.
Les 4 lacs naturels ayant fait l'objet d'un suivi affichent un état macrophyte compris entre l'état moyen et le bon état :
Le lac des Rousses, dans le Jura et le lac de Montriond, localisé en Haute-Savoie, à proximité de Morzine, sont tous deux classés en bon état pour ce compartiment biologique.
Pour le lac des Rousses le résultat fourni par l'indicateur IBML est conforme aux précédents suivis et souligne le bon état du compartiment macrophytique de ce plans d'eau. L'étude du peuplement macrophytique dresse cependant un constat plus mitigé du fait de l'absence de végétation (herbiers à characées) au-delà de 1.4 mètres de profondeur témoignant d'un dysfonctionnement écologique du plan d'eau ( Cf. rapports annuels en ligne sur le SIE). Cette situation reste cependant relativement stable depuis le début des suivis réalisés dans le cadre de la Surveillance (2008). Quatre espèces de characées ont été identifiées en 2023, dont une nouvelle espèce pour ce plan d'eau (Chara rudis). Parmi les points positifs, le bureau d'études mentionne également la non détection du Potamot pectiné depuis 2017 (espèce indigène susceptible de développer de grands herbiers monospécifiques au détriment d'autres espèces à plus fort intérêt) ainsi que le développement du Myriophylle verticillé, espèces assez rare en Franche-Comté.
Concernant le lac de Montriond, il s'agit de la première année de suivi effectuée dans le cadre du programme de surveillance (depuis 2007) aboutissant à un classement en bon état de l'indicateur macrophytes, tous les précédents suivis ayant conclu en un état moyen. La végétation aquatique est cependant très peu présente sur le lac de Montriond (très peu de végétation sur les profils perpendiculaires réalisés) mais cela semble être interprété favorablement par l'indicateur IBML. Ranunculus trichophyllus et Myriophyllum spicatum constituent les deux seules hydrophytes ponctuellement rencontrées en 2023 sur les profils de certaines unités d'observations. Cette situation est très différente de celle du dernier suivi réalisé en 2015 où une importante expansion de l'Elodée de Nuttall (espèce exotique envahissante) avait été constatée au détriment des espèces indigènes. De plus, les characées ponctuellement observées lors de précédents suivis (chara contraria en 2008 et 2010, Chara vulgaris en 2010 et Chara globularis en 2015) n'ont pas été revues en 2023. Il s'avère que des opérations de faucardage ont été menées par le gestionnaire du plan d'eau (mairie de Montriond) sur la période 2017-2018 afin de limiter la prolifération de végétation aquatique sur le plan d'eau (Elodée de Nuttall) et de faciliter la pratique des activités nautiques. Cela explique probablement la disparation de l'Elodée sur le plan d'eau mais également d'espèces d'intérêt patrimonial (characées). Il sera intéressant de surveiller l'évolution du peuplement macrophytique de ce lac lors des prochains suivis afin de voir si ces espèces pionnières sont de nouveaux inventoriées sur le plan d'eau.
Le lac de Paladru et l'étang des Aulnes sont tous deux classés en état moyen pour l'élément de qualité macrophytes.
Dans le cas du lac de Paladru, le classement en état moyen confirme la dégradation du peuplement macrophytique déjà relevée lors du précédent suivi datant de 2020. Bien que le bon état était atteint en 2020, l'indice était en limite de seuil (valeur 2020 à 0.61 pour une limite entre le bon état à l'état moyen à 0.6) et il était constaté une nette régression (voire une disparition) des herbiers à characées et naïades qui étaient observés en profondeur sur certaines unités d'observations. Les relevés de végétation réalisés en 2023 s'inscrivent donc dans cette tendance et la situation du peuplement semble encore s'être aggravée, aucune characée n'ayant été retrouvée sur les six unités d'observations étudiées et la diversité taxonomique étant à son plus bas niveau depuis le début des suivis de surveillance menés en 2008. Une étude spécifique de la végétation aquatique du plan d'eau serait à mettre en oeuvre afin de confirmer ces résultats à l'échelle du plan d'eau (les protocoles réalisés dans le cadre de la surveillance se limitant à quelques zones d'études réparties sur le lac) et le cas échéant comprendre l'origine de l'altération du peuplement macrophytique du lac de Paladru et définir des mesures gestions adaptées afin de permettre le maintien d'une végétation aquatique d'intérêt écologique.
L'étang des Aulnes affiche un état du peuplement macrophytique assez semblable à celui du précédent suivi de 2020 et qui tend à s'améliorer depuis le début de ce type de suivis (2008). Ainsi, d'une végétation pouvant être qualifiée de typiquement eutrophe (état médiocre), le peuplement semble maintenant plus qualifié de méso-eutrophe (état moyen).
Concernant les plans d'eau d'origine anthropique suivis sur le volet macrophytes en 2023 :
La gravière du Drapeau, intégrée au Grand Parc de Miribel Jonage, en région lyonnaise, atteint le bon état. Cette évaluation est assez semblable à celle résultant des précédents suivis, confortant le résultat obtenu. Elle reflète un faible niveau de dégradation globale des peuplements macrophytiques sur ce plan d'eau.
La gravière de Saint-Denis-lès-Bourg, à l'ouest de Bourg-en-Bresse, affiche un état moyen. L'indicateur IBML obtient une note légèrement supérieure à celle obtenue en 2020, engendrant un changement de classe d'état entre ces deux dernières années de suivi, c'est à dire un basculement de l'état médiocre à l'état moyen. La régression du Cératophylle épineux (espèce eutrophile à cote spécifique assez basse : 5/20) et la moindre abondance de la végétation aquatique en 2023 peuvent expliquer cette variation de l'indicateur. Le peuplement macrophytique reste cependant de profil eutrophe.
La gravière de Montrevel, au nord de Bourg-en-Bresse, affiche un état médiocre, avec des valeurs d'indicateurs très semblables sur les trois suivis réalisés. La note de trophie obtenue sur ce plan d'eau exprime un fort niveau de dégradation globale des peuplements macrophytiques. Des herbiers monospécifiques à cératophylle épineux, accompagné de Myriophylle en épi (espèces traduisant un niveau de trophie élevée) sont observables sur toutes les unités d'observations.