Le phytoplancton rassemble l'ensemble des organismes végétaux vivant en suspension dans l'eau. Le phytoplancton est à la base de la chaîne alimentaire en servant de nourriture aux organismes animaux (zooplancton, poissons...).
Les caractéristiques du milieu (disponibilité des nutriments, température de l'eau, stabilité de la colonne d'eau...) ont une incidence sur la composition spécifique du peuplement phytoplanctonique et sur l'abondance du phytoplancton (reflétée par la teneur en chlorophylle a).
L'indice IPLAC (Indice Phytoplancton LACustre) prend en compte ces deux composantes du phytoplancton pour évaluer l'état de cet élément de qualité biologique (métrique de biomasse algale MBA et métrique de composition spécifique MCS).
Plus l’indice IPLAC tend vers 1, plus l’élément de qualité phytoplanctonique s’apparente au très bon état.
MBA : Métrique de Biomasse Algale.
MCS : Métrique de Composition Spécifique.
NC : Non Calculable.
Indices 2022 calculés avec le SEEE (V1.1.0)
Qualification : la qualification de la donnée est le niveau de confiance qu’un opérateur a dans la conformité d'un résultat (Correcte/Incertaine/Incorrecte)
L'indice IPLAC s'applique à l'ensemble des plans d'eau suivis (naturels et d'origine anthropique) dans le cadre de l'évaluation de l'état ou du potentiel écologique.
La majorité des plans d'eau suivis en 2022 (77 %, 24/31) affiche une bonne ou une très bonne classe d'état vis-à-vis de cet élément de qualité biologique.
Six plans d'eau ne satisfont pas au bon état :
5 plans d'eau présentent un état moyen. Pour trois d'entre-eux, la retenue de Puyvalador, sur le plateau pyrénéen du Capcir, dans la haute vallée de l'Aude, les retenues du Châtelot et de Charmines-Moux, cette situation est dans la lignée des précédents suivis. Il convient cependant de noter la valeur particulièrement basse de la métrique de biomasse algale obtenue en 2022 sur la retenue de Puyvalador (MBA = 0), reflet de l'importance des développements algaux observés sur certaines campagnes estivales, et tirant l'IPLAC vers le bas. De plus, la valeur de la métrique de composition spécifique du peuplement (MCS) paraît surévaluée sur ce plan d'eau soumis à des efflorescences de cyanobactéries. En effet, Dolichospermum planctonicum, taxon typique des lacs et réservoirs eutrophe, et dominant largement le peuplement sur les campagnes de juillet et septembre, n'est pas pris en compte dans l'IPLAC. Une évaluation en état médiocre du compartiment phytoplanctonique paraîtrait ainsi plus pertinente pour ce plan d'eau au regard des caractéristiques du peuplement observé (importance de la biomasse algale et écologie des taxons dominants).
Pour les deux autres plans d'eau évalués en état moyen, ce classement est plus surprenant si on se fie à l'historique des données présentées ci-dessus. Ainsi, pour la retenue de Tolla, située en Haute-Corse, sur le Prunelli, dans la région d'Ajaccio, la valeur de MBA (classe médiocre) est responsable de ce déclassement. Il s'avère que la concentration en chlorophylle a mesurée sur la campagne de juillet (12 µg/l), n'est corroborée ni par les valeurs issues du profil in-situ réalisé pour ce même paramètre (3.1 µg/l en moyenne sur le profil de zone euphotique), ni par la valeur de biomasse algale issue des inventaires phytoplanctoniques pour cette campagne (0.7 mm3/), de faible niveau. Quant à la métrique MCS, elle semble plus en phase avec les caractéristiques du peuplement observé en 2022 sur la retenue de Tolla et une évaluation du peuplement phytoplanctonique en bon état semblerait donc plus pertinente.
Enfin, concernant le lac d'Allos, situé à 2230 mètres d'altitude dans le Parc National du Mercantour, le contraste est encore plus marqué entre la valeur IPLAC issue du suivi 2022 et l'état du peuplement phytoplanctonique affiché tout au long des précédents suivis réalisés sur la période 2005-2019, correspondant systématiquement a du très bon état. La valeur de la MCS, étonnamment basse (0.413) comparativement aux suivis antérieurs (proche de 0.95 en moyenne), explique ce retrait de l'IPLAC. Ce résultat est dans ce cas à nuancer également puisqu'il est fortement influencé par l'identification d'une cyanobactérie coloniale (Aphanocapsa elachista) dont la cote IPLAC est la plus sévère de tous les taxons référencés par cet indicateur. Cependant, il s'agit de l'unique taxon de l'inventaire à être associé à un tel niveau d'altération et bien que présente en abondance importante, ses très petites cellules n'occupent au final qu'un faible biovolume. De plus, la biomasse algale totale de ce plan d'eau reste relativement modérée et les très fortes transparences observées (campagnes de juillet et d'août affichant une transparence des eaux de plus de 10 mètres) témoignent d'un milieu globalement peu productif. Il semble donc assez sévère de déclasser de deux classes d'état l'évaluation de cet indicateur biologique sur le lac d'Allos. Une évaluation en bon état paraîtrait mieux adaptée au peuplement observé. La présence de ce taxon interroge cependant et devra être confirmée par de prochains suivis et, le cas échéant, surveillé car potentiellement indicateur d'une altération du peuplement phytoplanctonique du plan d'eau. Une hypothèse envisagée pour expliquer son développement serait le relargage de phosphore au niveau des couches profondes du plan d'eau du fait du déficit marqué d'oxygène à ce niveau tout au long du suivi, stimulant alors cette croissance. Les profils in-situ de chlorophylle a réalisés à chacune des campagnes expriment d'ailleurs un développement notable de phytoplancton à une profondeur assez importante (20 mètres), pouvant correspondre à cette hypothèse. En effet, cette zone semble propice à de tels développements en combinant un éclairement encore satisfaisant dans ce lac à la forte transparence des eaux et une disponibilité des nutriments (issus de la dégradation de la matière organique accumulée à ce niveau et du relarge sédimentaire). Notons pour finir que les conditions hydroclimatiques particulières du suivi 2022 (été chaud et sec réduisant l'alimentation en eau du lac et conduisant à un marnage conséquent du plan d'eau) ont pu déclencher des conditions favorables au développement de taxons au profil plus eutrophe (échauffement des eaux, fort ensoleillement, faible renouvellement des eaux).
L'étang d'entressen, localisé sur la plaine de Crau, à proximité d'Istres dans le département des Bouches du Rhône est classé en mauvais état. Les deux métriques constitutives de l'IPLAC sont concordantes et indiquent une mauvaise classe d'état. Cette situation est récurrente depuis le début des suivis réalisés dans le cadre du programme de surveillance (depuis 2007). La biomasse algale est très importante (jusqu'à près de 2 000 000 cellules/ml et 100 mm3/l, enregistré sur certaines campagnes du suivi 2022) et le peuplement est constitué d'une forte proportion d'espèces indicatrices d'un milieu dont la qualité de l'eau est très altérée (eutrophisation marquée). Ainsi, à chacune des 4 campagnes d'échantillonnage, 78 % à 99 % du peuplement observé en termes de biovolumes est constitué de cyanobactéries, parmi lesquelles des espèces potentiellement toxiques et pouvant donc présenter un risque pour la santé humaine (Planktothrix aggardhii, Aphanizomenon gracile, Limnothrix redekei, etc...).
Il convient de relever également que le bon état attribué à l'élément de qualité phytoplancton sur l'étang de Montaubry paraît surévalué au vu des caractéristiques du peuplement phytoplanctonique observées sur certaines campagnes (forts développement algaux en 3ème et 4ème campagne avec efflorescence de cyanobactéries Woronichinia naegeliana, Aphanizomenon klebahnii, Dolichospermum sp., toutes potentiellement toxiques. Plus de la moitié des taxons inventoriés n'étant pas considérés dans le calcul de l'indicateur IPLAC, cela explique la différence entre la classe d'état affichée sur ce plan d'eau et la composition du peuplement observé.
L'IPLAC n'est pas calculable sur le lac de Chaillexon et sur le retenue d'Alesani du fait de la réalisation de seulement deux des trois campagnes estivales (pour Chaillexon la campagne de juillet a dû être annulée en raison du marnage trop important et pour Alesani la dernière campagne, programmée en octobre, a été annulée suite à l'abaissement du plan d'eau pour curage de la retenue). Il est cependant possible d'ajuster les critères de calcul afin d'obtenir tout de même une valeur d'évaluation pour cet indicateur en se basant sur les deux seules campagnes réalisées. L'élément de qualité phytoplancton ressort alors en état moyen pour le lac de Chaillexon et en bon état pour Alesani, comme lors des précédents suivis (calcul à partir de l'outil Phytobs V3.2.1). Ces valeurs doivent cependant être considérées avec précaution puisque non conformes aux règles officielles de calcul.
Les 5 plus fortes valeurs observées en chlorophylle a (µg/l) lors du suivi 2022
Le dosage de la chlorophylle a reflète la quantité de biomasse algale du plan d'eau.
Les plus fortes concentrations (> 20 µg/l) sont mesurées sur certains des plans d'eau précédemment cités et déclassés par l'IPLAC en état moyen (Puyvalador, Charmines-Moux) et mauvais (Entressen). Le lac de Chaillexon figure également dans cette liste, signe des importants développements algaux touchant également ce plan d'eau implanté sur le Doubs.
Les 10 plus faibles valeurs de transparence observées (mètre) lors du suivi 2022
La transparence des eaux est classiquement inversement corrélée avec l'importance du développement phytoplanctonique. Le tableau ci-dessous liste les dix plus faibles valeurs de transparence observées en 2022.
L'étang d'Entressen est concerné par les plus faibles valeurs de transparence observées (les 4 campagnes réalisées aparaissent aux 4 premières places de cette liste). Sur ce plan d'eau de type "étang", il n'est pas surprenant de constater des transparences réduites. Elles sont cependant particulièrement faibles et directement influencées par les très importants développements algaux constatés. Les retenues de Puyvalador, Charmines-Moux et Chaillexon ressortent aussi de ce classement, ce qui concorde avec les fortes biomasses algales mesurées, influençant directement la transparence des eaux de ces plans d'eau.
La retenue du Chambon apparaît également à plusieurs reprises dans cette liste de valeurs. La faible transparence est dans ce cas expliquée par la présence de particules fines minérales en suspension dans l'eau, apportées par les eaux naturellement turbides de la Romanche lors de la fonte des neiges. Ces valeurs n'illustrent pas un développement algal excessif. L'élément de qualité transparence n'est donc pas pris en compte dans l'évaluation de l'état de ces plans d'eau (exception locale).
Les plus fortes valeurs de transparence observées (mètre) lors du suivi 2022
Les plus fortes valeurs (> 10 mètres) sont observées sur les grands lacs alpins (Léman, Annecy), sur les lacs et retenues de haute altitude (Allos, Lanoux) et sur la grande retenue de Sainte-Croix sur le Verdon. Sur tous ces plans d'eau, ces très fortes transparences illustrent la faible productivité primaire de ces milieux.