2. Les éléments de qualité

2.3 Les micropolluants

2.3.1. Les micropolluants dans l'eau

Plus de mille substances sont recherchées par prélèvement sur les plans d'eau faisant l'objet d'un suivi des micropolluants (plans d'eau du RCS : tous les 6 ans / plans d'eau du CO à risque "Substances" et/ou "Nutriments" et/ou "Pesticides" : tous les 3 ans). Ces substances sont analysées à chacune des quatre campagnes annuelles sur un échantillon intégré de la zone euphotique, et sur un échantillon de fond (hors plan d'eau de très faible profondeur, hors plans d'eau à fortes contraintes d'accès comme les plans d'eau de référence) et éventuellement sur un ou plusieurs échantillons intermédaires (pour les plans d'eau de grande profondeur : > 100 mètres). Le tableau ci-dessous liste les plans d'eau ayant fait l'objet d'un suivi de ce type en 2019.

Plan d'eau (département) Intégré Intermédiaire Fond Commentaire Nombre total de prélèvements par an
Abbaye (39) X - X - 8
Alesani (2B) X - X - 8
Allement (01) X - X - 8
Allos (04) X - X - 8
Bourget (73) X X (80m) X - 12
Chaillexon (25) X - X - 8
Chalain (39) X - X - 8
Chambon (38) X - X - 8
Charmines-Moux (01) X - X - 8
Châtelot (25) X - X - 8
Cize-Bolozon (01) X - X - 8
Coiselet (39) X - X - 8
Eaux-Bleues (69) X - X - 8
Entressen (13) X - X - 8
Esparron (04) X - X - 8
Eychauda (05) X - - Accès difficile 4
Lanoux (66) X - X - 8
Léman (74) X X (100, 200m) X - 16
Montaubry (71) X - X - 8
Mont-Cenis (73) X - X - 8
Nantua (01) X - X - 8
Neuf-Couleurs (04) X - - Accès difficile 4
Pierre-Châtel (38) X - X - 8
Puyvalador (66) X - X - 8
Roselend (73) X X (2/3 Pmax) X - 12
Saint-Cassien (83) X - X - 8
Sainte-Croix (04) X - X - 8
Serre-Ponçon (05) X X (2/3 Pmax) X - 12
Tolla (2A) X - X - 8

Des micropolluants métalliques très représentés.

Les grands types de substances quantifiées

Le graphique ci-dessous illustre le nombre de quantifications enregistrées des principales familles de micropolluants par plan d'eau sur l'année 2019 :

Nombre de substances recherchées par échantillon et par famille de micropolluants en 2019 : Micropolluants minéraux (27), Phytosanitaires (634), Emergents (145), Micropolluants organiques autres (190), HAP (18) et PCB-Dioxines-Furanes (30).
Seules les valeurs qualifiées de correctes sont considérées dans le traitement.
Tous les prélèvements sont pris en compte (intégré de zone euphotique, fond et éventuels prélèvements intermédiaires).

Toutes substances confondues, les lac d'Allos, la retenue du Lanoux et le lac de Neuf-Couleurs affichent le moins de quantifications de micropolluants et ce même en considérant le fait que certains plans d'eau n'ont fait l'objet que de 4 prélèvements annuels (pas d'analyse de micropolluants sur les eaux de fond : cas du lac des Neufs-Couleurs). Ces plans d'eau de haute altitude sont soumis à peu de pressions anthropiques. Le Léman ressort visuellement de cette représentation graphique du fait d'un nombre de prélèvements deux fois plus important que la majorité des autres plans d'eau suivis. Les plans d'eau de Chaillexon, Châtelot (secteur amont du Doubs), de Charmines-Moux sur l'Oignin, les étangs de Montaubry (Saône-et-Loire) et d'Entressen (plaine de Crau) sont concernés par le plus grand nombre de quantifications de micropolluants (entre 210 et 280 quantifications annuelles). La part importante de quantification en substances émergentes explique ce classement pour les trois premiers plans d'eau cités, alors que pour l'étang de Montaubry, le nombre élevé de quantifications en éléments traces métalliques est en grande partie responsable de ce résultat.

Les éléments traces métalliques constituent la principale famille de micropolluants retrouvée dans les eaux de plans d'eau (près de 2400 quantifications tous plans d'eau confondus). Viennent ensuite les substances émergentes (800 quantifications), les micropolluants organiques autres (460 quantifications). Les phytosanitaires (176 quantifications) et les HAP (135 quantifications) arrivent en quatrième et cinquième position. Aucune substance du groupe des PCB-Dioxines-Furanes n'a été quantifiée.

Les éléments traces métalliques (ETM) sont naturellement présents dans les eaux de surface (la composition en ETM dépend de la géochimie des terrains traversés), mais les activités anthropiques (principalement industrielles, minières et agricoles) contribuent à augmenter les concentrations observées et le nombre de composés retrouvés. Les disparités observées entre les plans d'eau peuvent aussi être expliquées par la méthodologie de suivi qui peut être différente selon les plans d'eau (plan d'eau ne faisant pas l'objet d'analyses de micropolluants sur les eaux de fond : que 4 prélèvements annuels, plans d'eaux suivis avec 8 prélèvements annuels - règle générale-, plans d'eau de grande profondeur faisant l'objet de prélèvements complémentaires : Bourget, Roselend, Serre-Ponçon (12 prélèvements) et Léman (16 prélèvements)) ce qui impacte mathématiquement le nombre de quantifications relevé.

Le graphique ci-dessous illustre le nombre de quantifications des principales familles de micropolluants, hors métaux, afin de mieux discerner les quantifications des autres groupes de substances.

Substances émergentes : de nouvelles catégories de substances recherchées et une contamination quasi généralisée par les "stimulants" et par les résidus pharmaceutiques en 2019.

Les substances émergentes recherchées comprennent des résidus pharmaceutiques (117 substances), des stéroïdes et hormones (16 substances), des cosmétiques (6 substances), des stimulants (4 substances) et deux antimicrobiens.

Tous les plans d'eau suivis en 2019 ont présenté des quantifications de substances émergentes. Les lacs de "référence" de haute altitude ne sont donc pas préservés de la contamination par ce type de substances.

Seules deux catégories de substances émergentes sont principalement quantifiées sur les plans d'eau suivis en 2019 : des résidus pharmaceutiques et des stimulants. Tous plans d'eau confondus, la première catégorie de substances enregistre 563 quantifications et la seconde 234 quantifications.
Alors que les stimulants sont retrouvés sur la totalité des plans d'eau suivis, les résidus pharmaceutiques concernent une proportion un peu moindre avec 80 % de plans d'eau visés par ce type de quantification (23 plans d'eau /29 plans d'eau suivis). Un peu plus de 60 % des quantifications enregistrées en résidus pharmaceutiques (352 quantifications/563) sont concentrées sur cinq plans d'eau : les retenues de Charmines-Moux (plan d'eau le plus contaminé en résidus pharmaceutiques avec 92 quantifications), Chaillexon, Châtelot, l'étang d'Entressen (tous les trois présentent entre 55 et 70 quantifications) et le Léman (72 quantifiations). Comme déjà évoqué, deux fois plus de prélèvements ont été réalisés sur le Léman (16 prélèvements) que sur les 4 autres plans d'eau cités (8 prélèvements), le niveau de contamination en résidus pharmaceutiques est donc nettement moins marqué sur ce lac comparativement aux autres plans d'eau listés.

La retenue de Charmines-moux est implantée sur l'Oignin, à proximité d'Oyonnax. Les rejets domestiques issus des villes localisées en amont plus ou moins lointain peuvent expliquer l'origine de ces apports : Izernore, Nantua.

Les retenues de Chaillexon et du Châtelot sont localisées en continuité sur le Doubs, en aval de Villers-le-lac et de Morteau. La quasi-totalité des substances pharmaceutiques rencontrées sont également quantifiées sur la station RCS du Doubs à Morteau (06018500), localisée en amont du lac de Chaillexon, entre Morteau et Villers-le-lac et en aval du rejet de la STEP de Morteau.

L'étang d'Entressen, localisé à l'Ouest d'Istres, dans le plaine de Crau, semble quant à lui impacté par le rejet de la STEP d'Istres-Entressen.


Six plans d'eau ne présentent aucune quantification en résidus pharmaceutiques. Il s'agit de 3 lacs "de référence"(Eychauda, Neuf-Couleurs, Allos) et de trois grandes retenues de haute-altitude (Lanoux, Mont-Cenis et Roselend).

Les substances pharmaceutiques proviennent essentiellement des rejets de station d'épuration qui traitent souvent de manière partielle ce type de composés. L'usage vétérinaire doit aussi être considéré (élevage, animaux domestiques) parmi les principales voies d'apport aux milieux aquatiques.

Deux substances émergentes sont très fréquemments quantifiées tous plans d'eau confondus (fréquence de quantification > 50 %) :

  • Un résidu pharmaceutique : la metformine, antidiabétique oral utilisé pour traiter le diabète de type 2. Elle a été quantifiée sur presque 80 % des plans d'eau suivis en 2019 (23/29). Il est surprenant de retrouver cette substance sur de si nombreux plans d'eau et à une fréquence de quantification si élevée (81 %). En ne considérant que les 23 plans d'eau qui présentent des quantifications de cette substance, la fréquence de quantification atteint 99 % (seuls 2 prélèvements sur les 200 réalisés ne montrent pas de quantification de metformine). Elle représente à elle seule 35 % des quantifications enregistrées en résidus pharmaceutiques.

  • Un stimulant présent dans le café, le thé, certains sodas : la caféine. Elle a été quantifiée au moins une fois sur la totalité des plans d'eau. Sa fréquence de quantification atteint 61 %.

La gabapentine, un anti-épileptique, constitue la troisième substance émergente la plus quantifiée (28 % de quantification / 10 plans d'eau concernés).

La nicotine (stimulant du tabac) et la cotinine (produit de dégradation de la nicotine par le foie) sont aussi largements retrouvées (respectivement sur 13 et 14 plans d'eau) mais en proportion bien moindre que les 2 substances majoritaires précédemment citées (fréquence de quantification respectivement de 10 % et 24 %). Caféine, nicotine et cotinine peuvent être considérées comme des indicateurs de pollution des eaux par les rejets d'eau usées domestiques. La quantification de nicotine dans le milieu aquatique peut être liée directement à la dégradation des mégots de cigarettes jetés dans l'environnement, contaminant le milieu naturel via les rejets d'eaux pluviales.

La mepivacaïne, un anesthésique, se distingue par le fait que ses quantifications ne concernent qu'un seul plan d'eau : le lac Léman. La présence de résidus pharmaceutiques dans le Léman est également à rechercher dans les rejets de l’industrie pharmaceutique, plusieurs sites de production pharmaceutique étant implantés le long du Rhône, dans le Valais, en amont du lac Léman. Ainsi, cette substance est produite industriellement sur le bassin versant valaisan du Rhône (de même que la carbamazépine : anti-épileptique, qui entre dans la composition de nombreux médicaments).

Les plus importantes concentrations ponctuelles en résidus pharmaceutiques relevées au cours du suivi 2019 se concentrent sur les retenues de Charmines-Moux et de Chaillexon (retenues présentant également le plus grand nombre de quantifications en résidus pharmaceutiques), ainsi que sur le Léman. Sur les 20 plus fortes valeurs mesurées, ces trois plans d'eau sont concernés à 5-6 reprises. Les plus fortes concentrations observées sont dues en grande partie à la metformine, quantifiée fréquemment au-delà de 0.1 µg/l (35 % des cas), et jusqu'à 0.5 µg/l (Léman, fond, 05/08/2019). Le paracétamol, un analgésique largement utilisé, est relativement peu quantifié (6 % de quantification) mais il peut atteindre également des concentrations notables lorsqu'il est retrouvé et expliquer le classement de certains plans d'eau dans cette liste (Sainte-Croix, intégré, 01/10/2019 : 0.458 µg/l / Bourget, fond, 12/08/2019 : 0.452 µg/l).
Concernant les stimulants, des quantifications de ce type de substances sont retrouvées sur la totalité des plans d'eau (la caféine est quantifiée au moins une fois sur chacun des plans d'eau), illustrant le caractère diffus de cette contamination. Les valeurs les plus élevées en termes de somme de stimulants par échantillon concernent l'étang de Montaubry (0.38 µg/l), le lac de Chaillexon (0.3 µg/l) et la retenue de Coiselet (0.24 µg/l).

Phytosanitaires : des situations contrastées selon les plans d'eau, reflets des pressions agricoles agissant sur les secteurs géographiques étudiés.

Des produits phytosanitaires sont quantifiés sur 72 % des plans d'eau suivis en 2019 (21/29, au moins une quantification).
Il s'agit bien souvent de quantifications ponctuelles. Quatre plans d'eau concentrent près de 65 % des quantifications enregistrées : le Léman (39 quantifications), la retenue de Charmines-Moux (27 quantifications), l'étang de Montaubry (26 quantifications) et l'étang d'Entressen (19 quantifications). Ces quantifications se répartissent sur de nombreuses substances différentes : de 7 à 9 substances et même jusqu'à 14 substances pour Charmines-Moux. Le Léman, bien que faisant l'objet de deux fois plus de prélèvements que les trois autres plans d'eau listés ci-dessus, affiche un nombre de quantification par prélèvement comparable aux autres et mérite donc bien d'être cité parmi les plans d'eau suivis en 2019 affichant le plus de quantifications de substances phytosanitaires.

  • La retenue de Charmines-Moux, sur l'Oignin, est essentiellement contaminée par ce type de substances du fait du nombre important de quantifications enregistrées sur le prélèvement intégré de la campagne du 16 octobre (11 quantifications). Plus globalement sur ce plan d'eau, ce sont principalement des métabolites d'herbicides (surtout l'AMPA) et des fongicides (surtout le propicanazole) qui constituent la majeure partie des quantifications. L'AMPA, principal produit de dégradation du glyphosate (herbicide à large spectre largement utilisé en zones cultivées et également pour le désherbage des allées, jardins publics et trottoirs) est fréquemment retrouvé (fréquence de quantification de 63 % sur ce plan d'eau). Le propiconazole est utilisé pour éviter la prolifération de champignons sur un certain nombre de cultures, d'arbres fruitiers, de plantes ornementales et le gazon. Cette substance est également utilisée pour la conservation du bois et en tant que fongicide dans les colles, adhésifs papier, textiles...(fiche Substances INERIS). Elle est retrouvée sur la quasi totalité des prélèvements réalisés sur ce plan d'eau (7 prélèvements contaminés/8 réalisés).

  • Sur l'étang de Montaubry, 55 % des quantifications de substances phytosanitaires sont dues à 2 matières actives : le métolachlor ESA (métabolite d'herbicide) et le chlortoluron (herbicide). Le métolachlore ESA est un produit de dégradation du S-métolachlore. Le S-métolachlore est venu remplacer le métolachlore (interdit en France depuis 2003) et est devenu l'un des produits les plus vendus pour le désherbage chimique du maïs depuis l'interdiction de l'atrazine. Le chlortoluron est quantifié à chacune des campagnes de prélèvements sur l'étang de Montaubry, sur l'échantillon intégré et/ou de fond. Cet herbicide est utilisé sur cultures céréalières.

  • Sur l'étang d'Entressen, l'herbicide glyphosate et son produit de dégradation l'AMPA concentrent la grande majorité des quantifications (53 % des quantifications). L'étang d'Entressen est situé dans le département des Bouches du Rhône, à proximité d'Istres, dans la plaine de Crau. Il est alimenté par un système complexe de canaux et est aussi en lien avec la nappe de la Crau. Le glyphosate est un herbicide non sélectif largement utilisé en zones cultivées mais également pour le désherbage des allées, jardins publics et trottoirs. La dégradation d'autres produits que le glyphosate (notamment des détergents) peut aussi être à l'origine des détections d'AMPA dans les eaux. Toutefois, si l'on retrouve de l'AMPA et du glyphosate dans une même analyse (ce qui est le cas d'Entressen), en toute vraisemblance l'AMPA provient majoritairement de la dégradation de ce même glyphosate. Par ailleurs, la durée de vie de l’AMPA étant supérieure à celle du glyphosate, cela explique également pourquoi l'AMPA se rencontre plus fréquemment et à de plus fortes concentrations dans les analyses d'eaux.

  • Concernant le Léman, 2 herbicides interdits d'usage en France depuis 2003 et en Suisse depuis 2012 (l'atrazine, quantifiée sur la quasi-totalité des échantillons analysés, et la simazine), ainsi que 2 métabolites d'herbicides (l'AMPA et la terbuthylazine déséthyl) constituent l'essentiel des quantifications observées (90%). Il convient cependant de préciser que 91% des résultats analytiques de ces substances restent inférieurs à 0.01 µg/l, soit des concentrations relativement faibles.

Tous plans d'eau confondus, ce sont essentiellement des métabolites d'herbicides et des herbicides qui sont retrouvés dans les échantillons d'eau (75 % des quantifications). 31 substances différentes ont été identifiées au total. L'AMPA est de loin celle qui est le plus largement quantifiée (22 % des quantifications de pesticides enregistrées en 2019 sont liées à cette substance).

Les valeurs les plus élevées pour la somme des pesticides quantifiés sont observées sur la retenue de Charmines-Moux (environ 0.6 µg/l sur l'échantillon intégré et sur celui de fond de la campagne du 6 juin 2019). En outre, ce plan d'eau apparaît à 5 reprises dans la liste des prélèvements présentant une somme de pesticides quantifiée par échantillon supérieure à 0.1 µg/l, illustrant ainsi une contamination récurrente pour ce type de contaminants. Plusieurs substances sont alors en cause (propiconazole, tébuconazole, chlorure de choline), chacune présentant des concentrations élevées (environ 0.2 à 0.3 µg/l par substance). L'étang d'Entressen apparaît également à 8 reprises dans cette liste des prélèvements les plus impactés par la présence de pesticides. Cependant, dans ce cas, une unique substance est principalement responsable de cette situation : l'AMPA.
La substance affichant les concentrations ponctuelles les plus élevées n'est pourtant pas une de celles précédemment citées mais le chlorure de choline. Il est principalement utilisé dans l’industrie de l’alimentation animale, en particulier pour l’alimentation des volailles et des porcs, comme additif alimentaire nutritionnel. Il entre également dans la composition de médicaments hépatoprotecteurs. Les 4 valeurs les plus élevées mesurées en produits phystosanitaires concernent cette substance (0.27 à 0.54 µg/l). Les 4 prélèvements en cause ont tous été effectués en période estivale (entre fin juillet/mi-août) et sur des plans d'eau différents (Châtelot, Charmines-Moux, Montaubry et Eaux-Bleues).

  • Les 15 plus fortes concentrations en pesticides sur l'année 2019
Out[13]:
Echantillon Valeur mesurée (µg/l) Substance (USAGE)
Nom du plan d'eau Date de prélèvement
CHATELOT 2019-08-01 16:15:00 Intégré 0.538 CHLORURE DE CHOLINE (REGULATEURS DE CROISSANCE)
CHARMINE-MOUX 2019-08-13 15:45:00 Intégré 0.421 CHLORURE DE CHOLINE (REGULATEURS DE CROISSANCE)
MONTAUBRY 2019-07-29 12:30:00 Intégré 0.307 CHLORURE DE CHOLINE (REGULATEURS DE CROISSANCE)
EAUX BLEUES 2019-08-14 10:40:00 Fond 0.274 CHLORURE DE CHOLINE (REGULATEURS DE CROISSANCE)
ENTRESSEN 2019-07-05 10:20:00 Fond 0.273 AMPA (METABOLITES HERBICIDES)
CHARMINE-MOUX 2019-06-06 12:20:00 Intégré 0.270 Propiconazole (FONGICIDES)
ENTRESSEN 2019-05-24 09:30:00 Fond 0.269 AMPA (METABOLITES HERBICIDES)
CHARMINE-MOUX 2019-06-06 13:00:00 Fond 0.260 Propiconazole (FONGICIDES)
ENTRESSEN 2019-05-24 09:30:00 Intégré 0.257 AMPA (METABOLITES HERBICIDES)
2019-02-18 14:10:00 Fond 0.211 AMPA (METABOLITES HERBICIDES)
2019-02-18 15:00:00 Intégré 0.208 AMPA (METABOLITES HERBICIDES)
CHARMINE-MOUX 2019-06-06 13:00:00 Fond 0.199 Tébuconazole (FONGICIDES)
2019-06-06 12:20:00 Intégré 0.192 CHLORURE DE CHOLINE (REGULATEURS DE CROISSANCE)
2019-06-06 12:20:00 Intégré 0.175 Tébuconazole (FONGICIDES)
ALESANI 2019-10-10 10:00:00 Fond 0.173 CHLORURE DE CHOLINE (REGULATEURS DE CROISSANCE)

La contamination des plans d'eau par les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP).

Les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont quantifiés sur 65 % des plans d'eau (19/29) mais 2 plans d'eau totalisent 45 % des quantifications. Il s'agit des plans d'eau de Chaillexon et Châtelot (également nommé lac de Moron), deux plans d'eau positionnés en continuité sur le cours amont du Doubs, en aval de Morteau. Les HAP sont responsables du classement en mauvais état chimique du plan d'eau de Chaillexon en 2019 (cf. explications dans la partie consacrée à l'état chimique).

La retenue de Charmines-Moux affiche également un nombre de quantifications notable. Pour cette dernière, le trafic routier de la route départementale semble pouvoir expliquer cette contamination (la route départementale enjambant le plan d’eau au niveau du site de réalisation des prélèvements).

En 2019, 10 plans d'eau ne présentent pas de quantification de ce type de substances : les trois lacs de références (Allos, Eychauda et Neuf-Couleurs), les lacs du Bourget, de Nantua et de Pierre-Châtel, les retenues d'Esparron, de Puyvalador et de Tolla, et la gravière des Eaux-Bleues.

  • Nombre de quantifications de HAP et nombre de substances différentes rencontrées par plan d'eau sur l'année 2019
Out[15]:
Nombre de prélèvements Nombre de quantifications Nombre de substances concernées
Nom du plan d'eau
CHAILLEXON 8 40 9
CHATELOT 8 21 7
CHARMINE-MOUX 8 16 6
CIZE-BOLOZON 8 13 6
ENTRESSEN 8 7 2
SAINT-CASSIEN 8 7 5
ALLEMENT 8 5 3
MONTAUBRY 8 5 2
ABBAYE 8 3 3
CHALAIN 8 3 1
CHAMBON 8 3 1
LEMAN 16 3 1
SAINTE-CROIX 8 2 2
LANOUX 8 2 1
ROSELEND 12 1 1
COISELET 8 1 1
MONT-CENIS 8 1 1
ALESANI 8 1 1
SERRE-PONCON 12 1 1

La contamination des plans d'eau par les autres micropolluants organiques.

Parmi les autres micropolluants organiques recherchés, une substance est quantifiée sur la totalité des plans d'eau suivis en 2019 et concentre 30 % des quantifications enregistrées pour ce type de substances (142/460). Il s'agit d'une substance en lien avec l'industrie du plastique : le n-butyl phtalate.

Les phtalates sont utilisés notamment comme plastifiant dans les matières plastiques (PVC). Les principales sources d'émission de phtalates dans l'environnement sont plutôt diffuses : utilisation des produits finis en contenant, dégradation des déchets. Le compartiment atmosphérique semble jouer un rôle particulièrement important dans le transfert des phtalates, avec un maximum de contaminations observé en milieu urbain, dans des atmosphères confinées (auto, maison) ou dans les tuyaux PVC (Guide pratique micropolluants, AESN 2018). La fréquence de quantification du n-butyl phtalate atteint une valeur importante (60 %), conséquence du caractère diffus de cette contamination. 95 % des concentrations mesurées en 2019 restent inférieures à 0.2 µg/l. La concentration maximale atteint 0.91 µg/l (lac du Bourget, échantillon de fond, 23/10/2019).
La seconde substance la plus quantifiée est également un phtalate : le DEHP. Le di(2-éthylhexyl)phtalate (DEHP) est une substance dangereuse prioritaire de la DCE. Du fait de ses effets sur l'homme et sur l'environnement, il fait l'objet de nombreuses restrictions d'usages. Cette substance contamine le quart des échantillons analysés. Elle est quantifiée sur 80% des plans d'eau suivis en 2019 (23/29). 90 % des quantifications observées en 2019 sont comprises entre 0.4 µg/l et 1 µg/l. La concentration maximale atteint 2.1 µg/l (retenue de Coiselet, échantillon de fond, 21/03/2019).
Des contaminations par ce type de substances, liées à la phase d'échantillonnage ne sont également pas à exclure. En effet, les plastifiants étant largement utilisés dans la composition des matériels d'échantillonnage, il est possible qu'une part plus ou moins importante des quantifications observées puisse être imputée à l'échantillonnage.

Les perchlorates arrivent en troisième position dans ce classement, avec un nombre de quantifications presque similaire à celui du DEHP. La contamination reste cependant moins diffuse, puisqu'ils sont quantifiés sur 50 % des plans d'eau suivis en 2019 (15/29), contre 80 % pour le DEHP. Les perchlorates sont principalement présents sous forme de sels de perchlorates (perchlorate d'ammonium, de sodium,...). Parmi les sels de perchlorate les plus utilisés, le perchlorate d'ammonium a des applications industrielles et militaires, aérospatiales en tant que comburant dans les propulseurs, en pyrotechnie. Les émissions diffuses de perchlorates peuvent être également liées à des origines agricoles et à l'usage historique de certains engrais dans lesquels ils étaient présents en tant qu'impuretés (source : Guide pratique des micropolluants dans les eaux du bassin Seine-Normandie, 2018). Par ailleurs, la contamination de certaines ressources en eau par les ions perchlorates, largement issus de zones contaminées par les résidus de munitions utilisées lors de la première guerre mondiale, est connue. L'ensemble des quantifications observées reste inférieur à 0.4 µg/l (une seule valeur dépassant la concentration de 0.3 µg/l - valeur guide environnementale pour les eaux douces et littorales, en moyenne annuelle).

Enfin, 4 composés alkyls perfluorés de la famille des perfluorocarbures (PFC) sont également quantifiés. Ces quantifications ne concernent qu'un nombre restreint de plans d'eau (4 à 5 plans d'eau selon les substances concernées). 70 % des quantifications rencontrées concernent seulement deux plans d'eau : la gravière des Eaux-Bleues (40 % des quantifications observées) et le lac du Bourget (30 % des quantifications observées). Les deux principaux PFC quantifiés sont deux substances pertinentes à surveiller : l’acide perfluoro-n-hexanoïque (PFHxA) et l’acide perfluoro-octanoïque (PFOA).
Les PFC regroupent de nombreuses substances utilisées dans de multiples applications industrielles et produits de consommation courante (détergents, imperméabilisants, antiadhésifs, mousses anti-incendie, pesticides…). Très persistants et résistants à la dégradation, ces composés se retrouvent dans tous les compartiments de l'environnement et dans la chaine alimentaire. Le PFOA et le PFOS constituent les produits de dégradation ultime des PFC les plus utilisés (Rapport ANSES, 2011).
La gravière des Eaux-Bleues se distingue par le fait que les 4 substances listées ont été quantifiées sur tous les prélèvements effectués sur ce plan d'eau. Les concentrations observées varient de 3 ng/l (PFHpA) à 12 ng/l (PFHxA). Sur le lac du Bourget les concentrations varient de 3 ng/l à 7 ng/l et ne concernent presque exclusivement que 2 substances (PFHxA et PFOA). Seul le PFOS dispose de norme de qualité environnementale (il n'a pas été quantifié dans l'eau des plans d'eau suivis en 2019).

  • Liste des autres micropolluants organiques quantifiés tous plans d'eau confondus sur l'année 2019
Out[16]:
Nombre de quantifications Nombre de plans d'eau concernés
Substance
n-Butyl Phtalate 142 29
DEHP 62 23
Perchlorate 60 15
Acide perfluoro-n-hexanoïque (PFHxA) 27 4
Acide perfluoro-octanoïque (PFOA) 22 4
4-tert-butylphénol 21 12
Monobutyletain cation 18 13
Acide perfluoro-n-heptanoïque (PFHpA) 17 5
Acide perfluorohexanesulfonique (PFHS) 13 4
Diisobutyl phthalate 8 6
Tributylphosphate 8 7
Diéthyl phtalate 7 6
Bisphénol-A 7 5
Dibutyletain cation 4 4
EDTA 4 2
Nitrophénol-2 4 2
Xylènes (m+p) 4 4
Diméthylphénol-2,4 3 3
Dichlorométhane 1 1
Ethyl tert-butyl ether 1 1
Isoquinoline 1 1
Monooctyletain cation 1 1
Toluène 1 1
Bisphenol S 1 1
Trichlorobenzène-1,2,4 1 1
Tricyclohexyletain cation 1 1
BDE209 1 1
2,6-di-tert-butyl-4-méthylphénol 1 1