L’état chimique des eaux superficielles est évalué à partir des concentrations dans l’eau de 41 substances ou familles de substances pour lesquelles les normes de qualité environnementales (NQE) fixées par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) ne doivent pas être dépassées.
Les substances prises en compte sont :
des pesticides : ils sont destinés à lutter contre les organismes nuisibles (mauvaises herbes, insectes, champignons…). Bien que principalement employés par la profession agricole, ils sont également utilisés en zone non agricole par les particuliers (entretien des jardins), les collectivités et gestionnaires d’infrastructures (entretien des voiries et espaces verts) et par certains secteurs industriels (bois).
des composés organiques halogénés volatils ou COHV : ils regroupent une grande variété de substances chimiques aux caractéristiques très variables. Ils entrent dans la composition de nombreux produits industriels et domestiques (solvants, intermédiaires de synthèse, peintures, encres, colles, détachants…).
des hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP : ils sont très répandus et proviennent en grande majorité de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole) et du bois.
des métaux : ils proviennent essentiellement d’activités anthropiques (métallurgie, traitements de surface, incinération des ordures ménagères…) mais pas exclusivement. En effet, certains sont naturellement présents dans l’environnement tel le nickel qui est très répandu dans certaines régions comme les Alpes, le Massif Central, la Corse. La prise en compte d'un fond géochimique et l'application d'un modèle de calcul de la fraction dissoute biodisponible permet d'éviter des déclassements abusifs pour les métaux naturellement présents dans l'environnement.
d'autres substances (diphényléthers bromés, dérivés du benzène, chlorophénols et composés phénoliques, composés de l’étain, nonylphénols, phtalates, organochlorés).
Toxiques, persistantes et bioaccumulables, les substances de l’état chimique entraînent des dommages importants, notamment pour les écosystèmes aquatiques. C’est pourquoi, en application de la Directive Cadre sur l’Eau, leurs rejets, émissions et pertes doivent être supprimés ou réduits.
L'état chimique des plans d'eau suivis en 2019
Dpt
: département.
Type
: type de plan d'eau (NAT = naturel / ANTH = anthropique).
Réseaux(x)
: appartenance à un réseau DCE du programme de surveillance : RCS et/ou CO ; REF = site de référence.
Etat CHIM
: B : bon état / MAUV : non atteinte du bon état / NS : non suivi.
Nbr subst.
: Nombre de substances prises en compte dans l'évaluation de l'état chimique.
Indet subst.
: Nombre de substances dont l'état est indéterminé et nom des substances concernées.
SP et SDP.
: Substances Prioritaires et Substances Dangereuses Prioritaires.
Les prélèvements intégrés, les prélèvements de fond et les éventuels prélèvements intermédiaires (cas des plans d'eau de grande profondeur) ont été pris en compte dans l’évaluation de l’état chimique des plans d’eau.
Comme pour les polluants spécifiques de l'état écologique, les substances de l'état chimique ne sont pas recherchées si le plan d'eau ne fait l'objet que d'un suivi spécifique du phytoplancton, ou si seule la pression hydrologique et/ou morphologique est à l'origine du risque de non atteinte des objectifs environnementaux.
La quasi totalité des plans d'eau ayant fait l'objet d'un suivi des micropolluants présente un bon état chimique (28/29). Cette évaluation repose sur la prise en compte de 43 substances.
Seul le lac de Chaillexon, sur le cours du Doubs, n'atteint pas le bon état chimique. Le paramètre responsable de ce déclassement est un hydrocarbure aromatique polycyclique (le fluoranthène), la moyenne annuelle (MA = 0.094 µg/l) mesurée dépassant la norme de qualité environnementale définie pour ce paramètre (NQE-MA = 0.0063 µg/l). Il s'agit du quatrième suivi consécutif (après 2010, 2013 et 2016) concluant au mauvais état chimique de ce plan d'eau. Dans tous les cas, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont en cause (fluoranthène en 2019 et 2016, benzo(a)pyrène en 2013, benzo(a)pyrène et fluoranthène en 2010). La navigation intense sur le lac de Chaillexon (navettes touristiques pour le site du Saut du Doubs) pourrait être à l’origine des teneurs observées, une des sources de HAP étant la combustion incomplète des carburants des moteurs thermiques. Ce même type de substance est retrouvé sur le support sédiment en concentrations très importantes par rapport aux valeurs habituellement observées en plans d'eau (Cf. partie consacrée aux micropolluants sur le support sédiment).
L'état reste systématiquement indéterminé pour un paramètre de la famille des HAP, le benzo(a)pyrène, du fait d'une limite de quantification trop élevée. De même, la réhausse ponctuelle de la limite de quantification du 4-tert-octylphenol sur la retenue de Charmines-Moux (1 échantillon/8), du tributylétain-cation sur le Léman (1 échantillon/16) et des 4-tert-octylphenol et 4-nonylphenols ramifiés sur le lac de Pierre-Châtel (1 échantillon/8) ne permet pas de statuer sur le respect de la norme de qualité environnementale de ces paramètres sur ces trois plans d'eau.
La surveillance des micropolluants ne s'arrête pas aux seules substances de l'état chimique. Ainsi, pour chaque prélèvement où s'effectue l'analyse des micropolluants, plus de 1000 paramètres sont recherchés. Une approche plus globale est présentée dans les parties consacrées aux micropolluants sur le support eau et aux micropolluants sur le support sédiment.