L'élément de qualité bilan de l'oxygène reflète le niveau de désoxygénation de l'hypolimnion.
Il correspond à la moyenne du déficit observé entre la surface (2-3 premiers mètres de la colonne d'eau) et le fond (2-3 derniers mètres de la colonne d'eau) lors des campagnes estivales.
Plus le taux d’oxygène en profondeur est faible par rapport à la surface, plus l’état de cet élément de qualité est dégradé. Il renseigne ainsi sur la capacité d'assimilation de la matière organique par le système lacustre et sur le niveau de production biologique du plan d'eau. Certains facteurs naturels (altitude, conditions climatiques, efficacité du brassage des eaux hivernal) et caractéristiques physiques du plan d'eau (forme de la cuvette, profondeur, prise au vent) peuvent cependant influer sur sa valeur et doivent être pris en considération lors de l'interprétation des résultats.
Il ne s'applique qu'aux plans d'eau présentant une stratification de la masse d'eau. Cet élément de qualité n'est actuellement pas pris en compte pour évaluer l'état/le potentiel écologique des plans d'eau et doit donc être considéré comme un élément de diagnostic complémentaire.
Le déficit en oxygène surface/fond observé en 2022 et lors des suivis antérieurs
Le tableau ci-dessus affiche l'état de l'élément de qualité selon les seuils de l'arrêté "Evaluation" de 2018 (seul un seuil est défini : 50 % limite BON/MOYEN) et également selon des seuils ajustés afin de mieux mettre en évidence les situations les plus dégradées (MOYEN : 50 % - 80 % / MEDIOCRE : 81 % - 90 % / MAUVAIS : > 90 %).
Les plans d'eau présentant les désoxygénations les plus marquées en 2022 (classes ajustées de MEDIOCRE à MAUVAIS) sont ainsi les lacs de l'Abbaye, du Val, d'Allos, la retenue du Châtelot et l'étang de Montaubry (état mauvais), les lacs de Chalain et le lac Léman (état médiocre). Pour certains de ces plans d'eau (Abbaye, Val, Châtelot, et Montaubry), une couche d'eau d'ampleur plus ou moins importante devient totalement désoxyxénée en profondeur sur une, voire plusieurs campagnes d'échantillonnages. La totalité de l'oxygène de cette tranche d'eau a ainsi été consommée par les organismes assurant la dégradation de la matière organique produite au sein de la masse d'eau et accumulée dans le sédiment. Le manque d'oxygène dans le fond des plans d'eau favorise la libération du phosphore piégé dans les sédiments.
La majorité des plans d'eau listés ci-dessus présentait déjà ce niveau de désoxygénation sur les suivis antérieurs (en termes de classe d'état ou en considérant la valeur brute de l'indicateur : exemple Chalain 78-80 en 2019 et 2016 / 81 en 2022) ou sur certaines années des suivis antérieurs. Trois plans d'eau affichent une classe d'état plus altérée que la situation habituellement observée. Il s'agit des lacs d'Allos et du Val qui sont en état MAUVAIS et du lac Léman qui est en état MEDIOCRE pour cet élément de qualité. Pour le lac d'Allos et le lac Léman, cette situation particulièrement altérée sur ce suivi 2022 est expliquée par un brassage hivernal très peu efficace durant l'hiver 2021-2022. Ainsi, l'oxygénation des eaux les plus profondes n'a pas été réalisée à cette période et l'écosystème lacustre a donc débuté son cycle annuel avec un déficit en oxygène déjà marqué à la sortie de l'hiver. Concernant le lac Léman, le dernier brassage complet remonte à l'hiver 2012-2013. La succession de brassages hivernaux incomplets entraîne ainsi une accentuation du déficit en oxygène observé au fond du plan d'eau.
Cette anoxie est également détectable par l'augmentation des concentrations en ammonium, fer et manganèse dans les eaux de fond : les conditions réductrices engendrées par l'absence d'oxygène à l'interface eau/sédiment peuvent déclencher le relargage de ces éléments dans la colonne d'eau.