Plans d'eau

2. Les éléments de qualité

2.3 Les micropolluants

2.3.1. Les micropolluants dans l'eau

Plus de mille substances sont recherchées par prélèvement sur les plans d'eau faisant l'objet d'un suivi des micropolluants (plans d'eau du RCS : tous les 6 ans / plans d'eau du CO à risque "Substances" et/ou "Nutriments" et/ou "Pesticides" : tous les 3 ans). Ces substances sont analysées à chacune des quatre campagnes annuelles sur un échantillon intégré de la zone euphotique, et sur un échantillon de fond (hors plan d'eau de très faible profondeur, hors plans d'eau à fortes contraintes d'accès comme certains plans d'eau de référence) et éventuellement sur un ou plusieurs échantillons intermédaires (pour les plans d'eau de grande profondeur : > 100 mètres). Le tableau ci-dessous liste les plans d'eau ayant fait l'objet d'un suivi de ce type en 2020.

Plan d'eau (département) Intégré Intermédiaire Fond Commentaire Nombre total de prélèvements par an
Anse (69) X - X - 8
Aulnes (13) X - - Faible profondeur 3
Carcès (83) X - X - 8
Castillon (04) X - X - 8
Champagney (70) X - X - 8
Devesset (07) X - X - 8
Drapeau (69) X - - Faible profondeur 4
Entonnoir (25) X - X - 8
Grand-Maison (38) X X (2/3 Pmax) X - 11
Jouarres (11) X - - Faible profondeur 4
Montrevel-en-Bresse (01) X - X - 8
Paladru (38) X - X - 8
Panthier (21) X - X - 8
Rousses (39) X - X - 8
Saint-Denis-lès-Bourg (01) X - X - 8
Sylans (01) X - X - 8
Vaivre-Vesoul (70) X - - Faible profondeur 4
Vingeanne (52) X - X - 8
Villeneuve de la Raho (66) X - X - 8
Vouglans (39) X X (2/3 Pmax) X - 12
Calacuccia (2B) X - X - 6
Ospédale (2A) X - X - 6

Rappel : la première campagne de pélèvements d'eau ayant été annulée sur l'étang des Aulnes et sur les retenues de Calacuccia et Ospédale en raison de la crise sanitaire, cela explique un nombre de prélèvement inférieur aux autres plans d'eau suivis (le prélèvement intermédiaire de campagne 3 n'a également pas pu être été effectué sur la retenue de Grand-Maison pour des raisons techniques).

Des micropolluants métalliques très représentés.

Les grands types de substances quantifiées

Le graphique ci-dessous illustre le nombre de quantifications enregistrées des principales familles de micropolluants par plan d'eau sur l'année 2020 :

Nombre de substances recherchées par échantillon et par famille de micropolluants en 2020 : Micropolluants minéraux (26), Phytosanitaires (631), Emergents (146), Micropolluants organiques autres (187), HAP (18) et PCB-Dioxines-Furanes (30).
Seules les valeurs qualifiées de correctes sont considérées dans le traitement.
Tous les prélèvements sont pris en compte (intégré de zone euphotique, fond et éventuels prélèvements intermédiaires).

Toutes substances confondues et en considérant le nombre de prélèvements réalisés par plan d'eau (généralement 4 ou 8 ou 12), la retenue de l'Ospédale, en Corse, ainsi que la retenue de Castillon (première retenue de la chaine hydroéléctrique du Verdon), le lac des Rousses dans le Jura, et le réservoir de Grand-Maison en Isère affichent le moins de quantifications de micropolluants. Ces plans d'eau de tête de bassin, d'altitude moyenne (de 900 mètres environ à 1700m) sont soumis à relativement peu de pressions anthropiques. La retenue de Carcès dans le Var, la gravière de Montrevel-en-Bresse à proximité de Bourg-en-Bresse, la gravière d'Anse, à proximité de Villefranche-sur-Saône, ainsi que le réservoir de la Vingeanne, au sud de Langres, sont concernés par le plus grand nombre de quantifications de micropolluants (entre 200 et 240 quantifications annuelles). La part importante de quantification en substances émergentes explique ce classement pour la retenue de Carcès, tandis que le nombre élevé de quantifications en résidus phytosanitaires est en grande partie responsable de ce résultat sur la gravière de Montrevel et que la catégorie des micropolluants organiques autres impacte ce bilan pour la gravière d'Anse.

Les éléments traces métalliques constituent la principale famille de micropolluants retrouvée dans les eaux de plans d'eau (près de 1700 quantifications tous plans d'eau confondus). Viennent ensuite les substances émergentes (575 quantifications), les micropolluants organiques autres (330 quantifications) et les phytosanitaires (260 quantifications). Les HAP, avec 60 quantifications, arrivent en dernière position. Aucune substance du groupe des PCB-Dioxines-Furanes n'a été quantifiée.

Les éléments traces métalliques (ETM) sont naturellement présents dans les eaux de surface (la composition en ETM dépend de la géochimie des terrains traversés), mais les activités anthropiques (principalement industrielles, minières et agricoles) contribuent à augmenter les concentrations observées et le nombre de composés retrouvés. Les disparités observées entre les plans d'eau peuvent aussi être expliquées par la méthodologie de suivi qui peut être différente selon les plans d'eau (plan d'eau ne faisant pas l'objet d'analyses de micropolluants sur les eaux de fond : que 4 prélèvements annuels, plans d'eaux suivis avec 8 prélèvements annuels - règle générale-, plans d'eau de grande profondeur faisant l'objet de prélèvements complémentaires : Grand-Maison et Vouglans (12 prélèvements), ce qui impacte mathématiquement le nombre de quantifications relevé.

Le graphique ci-dessous illustre le nombre de quantifications des principales familles de micropolluants, hors métaux, afin de mieux discerner les quantifications des autres groupes de substances.

Substances émergentes : de nouvelles catégories de substances recherchées et une contamination généralisée par les "stimulants" et par les résidus pharmaceutiques en 2020.

Les substances émergentes recherchées comprennent des résidus pharmaceutiques (118 substances), des stéroïdes et hormones (16 substances), des cosmétiques (6 substances), des stimulants (4 substances) et deux antimicrobiens.

Tous les plans d'eau suivis en 2020 ont présenté des quantifications de substances émergentes.

Seules deux catégories de substances émergentes sont principalement quantifiées sur les plans d'eau suivis en 2020 : des stimulants et des résidus pharmaceutiques. Tous plans d'eau confondus, la première catégorie de substances enregistre 309 quantifications et la seconde 262 quantifications.
Stimulants et résidus pharmaceutiques sont retrouvés sur la totalité des plans d'eau suivis en 2020.
Le nombre de quantifications en stimulants reste globalement assez homogène entre les différents plans d'eau suivis (une quinzaine de quantifications en moyenne - chiffre calculé en raportant les quantifications mesurées à un nombre de prélèvement total identique de 8 prélèvements par plan d'eau). Le lac de Castillon, situé sur le secteur amont du Verdon, se démarque cependant avec le plus faible niveau de quantifications enregistrées (5 quantifications), alors que l'étang de Jouarres, dans le Minervois, comptabilise le nombre de quantification le plus élevé raporté au nombre de prélèvements réalisés (13 quantifications pour 4 prélèvements, soit potentiellement 26 quantifications sur 8 prélèvements). La situation est un peu différente en ce qui concerne la contamination par les résidus pharmaceutiques puisqu'un seul plan d'eau concentre près de 30 % des quantifications enregistrées (73 quantifications/262) : il s'agit de la retenue de Carcès, localisée sur le Caramy, en aval de Brignolles. Sur ce plan d'eau, 11 substances médicamenteuses sont ainsi retrouvées durant le suivi annuel. L'origine de ce "coktail" est probablement à rechercher dans les apports du Caramy, cette rivière recevant notamment le rejet de la station d'épuration de Brignoles (20 000 EHab). Des analyses physico-chimiques réalisées sur la station du Caramy à Vins-sur-Caramy (06204000) en 2015, quelques kilomètres en amont du plan d'eau, avaient ainsi montré la présence dans les eaux de plusieurs de ces substances de manière récurrente. Un autre plan d'eau se distingue pour ce type de contamination : la retenue de la Vingeanne, en Haute-Marne. Bien que présentant un niveau de contamination bien moindre que celui constaté sur la retenue de Carcès, celle-ci concentre tout de même 10% des quantifications mesurées en résidus pharmaceutiques (26 quantifications/262). Le rejet de la station d'épuration de Longeau-Percey, via le cours d'eau du Vallinot, ainsi que le rejet d'eaux usées non traitées (habitations non raccordées) expliquent vraisemblablement ces résultats (le diagnostic du système d'assainisement de la commune de Longeau-Percey datant de 2016 faisait état de nombreux dysfonctionnnements dans l'assainissement de la commune).
Les substances pharmaceutiques proviennent essentiellement des rejets de station d'épuration qui traitent souvent de manière partielle ce type de composés. L'usage vétérinaire doit aussi être considéré (élevage, animaux domestiques) parmi les principales voies d'apport aux milieux aquatiques.

Trois substances émergentes sont très fréquemments quantifiées tous plans d'eau confondus (fréquence de quantification > 50 %) :

  • Un résidu pharmaceutique : la metformine, il s'agit de l'antidiabétique oral le plus prescrit pour traiter les patients atteints de diabète de type 2. Elle a été quantifiée sur 100 % des plans d'eau suivis en 2020 (22/22). Il est surprenant de retrouver cette substance sur de si nombreux plans d'eau et à une fréquence de quantification si élevée (87 % - 141 quantifications). Elle représente à elle seule 54 % des quantifications enregistrées en résidus pharmaceutiques. Par comparaison, la seconde et la troisième substance pharmaceutique les plus quantifiées (la gabapentine, un anti-épileptique, et l'irbesartan, un anti-hypertenseur) ne comptabilisent respectivement "que" 34 et 17 quantifications (fréquences de quantification de 20% et 10%) et ne se retrouvent que sur 5 à 6 plans d'eau différents.

  • Un stimulant présent dans le café, le thé, certains sodas : la caféine. Elle a été quantifiée au moins une fois sur la totalité des plans d'eau. Sa fréquence de quantification atteint presque 80 %.

  • Un autre stimulant, la cotinine, un sous-produit de dégradation de la nicotine contenu dans le tabac, atteint une fréquence de quantification de 66% et touche la quasi-totalité des plans d'eau (21/22 - seul le lac de Castillon ne présente pas de quantification de cette substance).

Ces deux dernières substances d'usage domestique ne sont pas transformées par l'organisme et sont éliminées via les urines et rejoignent les stations d'épuration où elles ne sont pas traitées et sont alors rejetées dans l'environnement avec les eaux épurées.

La nicotine (stimulant du tabac) est aussi largement retrouvée (tous les plans d'eau sont concernés par au moins une quantification) mais en proportion moindre que les substances précédemment citées (fréquence de quantification de 43 %). Caféine, nicotine et cotinine peuvent être considérées comme des indicateurs de pollution des eaux par les rejets d'eau usées domestiques. La quantification de nicotine dans le milieu aquatique peut être liée directement à la dégradation des mégots de cigarettes jetés dans l'environnement, contaminant le milieu naturel via les rejets d'eaux pluviales.

Trois substances se distinguent également par le fait qu'elles ne sont quantifiées que sur un seul plan d'eau (la retenue de Carcès), mais de manière systématique (8 quantifications sur 8 échantillons analysés : il s'agit de l'oxazepam, un anti-dépresseur et anxiolytique, du sotalol, un bêta-bloquant, et de l'O-déméthyltramadol (métabolite du tramadol, un analgésique et antalgique, également systématiquement quantifié sur ce plan d'eau).

Les plus importantes concentrations ponctuelles en somme de résidus pharmaceutiques relevées au cours du suivi 2020 se concentrent sur le réservoir de la Vingeanne et sur la retenue de Carcès (il s'agit des 2 plans d'eau présentant le plus grand nombre de quantifications en résidus pharmaceutiques). Ainsi, si on ne considère que les valeurs supérieures à 0.2 µg/l (en somme de résidus pharmaceutiques quantifiés), il ressort 14 échantillons, mais seuls ces deux plans d'eau sont concernés. Les deux situations sont cependant bien différentes : alors que pour la Vingeanne, la valeur obtenue résulte de la quantification sur chaque prélèvement de peu de résidus pharmaceutiques (2 à 4 substances) mais avec une concentration systématiquement notable pour la metformine (de 0.15 à 0.35 µg/l selon les échantillons concernés), dans le cas de Carcès, c'est le nombre important de substances différentes sur chaque échantillon (de 8 à 11 pour les échantillons cités) qui conduit à classer ce plan d'eau parmi ceux présentant les valeurs les plus élevées en termes de sommes de résidus pharmaceutiques par échantillon.
Concernant les stimulants, les valeurs les plus élevées en termes de somme de stimulants par échantillon ne visent pas certains plans d'eau en particuliers mais elles sont rencontrées ponctuellements sur certains échantillons des plans d'eaux suivis en 2020. Les plus fortes valeurs atteignent 1 µg/l (échantillon intégré de zone euphotique du 10/08/2020 sur l'étang de Jouarres). Pour les 8 valeurs supérieures à 0.5µg/l en termes de sommes de concentrations ponctuelles en stimulants, la nicotine est alors la plupart du temps responsable des teneurs observées (concentration atteignant 0.69 µg/l sur l'échantillon précédemment cité sur Jouarres et plus généralement comprise entre 0.5 et 0.6 µg/l sur les autres échantillons concernés).

Phytosanitaires : des situations contrastées selon les plans d'eau, reflets des pressions agricoles agissant sur les secteurs géographiques étudiés.

Des produits phytosanitaires sont quantifiés sur 86 % des plans d'eau suivis en 2020 (19/22, au moins une quantification).
Il s'agit bien souvent de quantifications ponctuelles. Trois plans d'eau concentrent près de 50 % des quantifications enregistrées : la gravière de Montrevel-en-Bresse (49 quantifications), l'étang de Jouarres (44 quantifications) et la gravière d'Anse (32 quantifications). Ces quantifications se répartissent sur de nombreuses substances différentes pour les deux premiers plans d'eau cités (respectivement 12 et 19), alors que ce nombre est plus réduit en ce qui concerne la gravière d'Anse (6 substances différentes). L'étang de Jouarres, bien que faisant l'objet de deux fois moins de prélèvements que les deux autres plans d'eau listés ci-dessus (4 contre 8), fait cependant partie des plans d'eau affichant le plus de quantifications de substances phytosanitaires, illustrant un niveau de contamination important en pesticides sur ce plan d'eau.
La gravière de Saint-Denis-les-Bourg, les réservoirs de la Vingeanne et de Panthier, ainsi que les retenues de Villeneuve-de-la-Raho et de Carcès font également l'objet de quantifications récurrentes, reflétant la pression agricole à laquelle ils sont soumis (de 15 à 24 quantifications pour 8 prélèvements réalisés).

  • L'étang de Jouarres est situé dans l'Aude, entre Carcassonne et Narbonne, en pleine région viticole (Minervois), le long du canal du Midi. Sur ce plan d'eau, ce sont principalement des fongicides (16 quantifications) et des métabolites d'herbicides (15 quantifications, dont des métabolites de la terbuthylazine) fréquemment utilisés dans les vignes qui constituent la majeure partie des quantifications.

  • La gravière de Montrevel-en-Bresse, dans l'ain, est localisée dans une région agricole (prairies, cultures). Des métabolites d'herbicides (32 quantifications) sont essentiellemet retrouvés et particulièrement les dérivés oxaniliques et sulfoniques du diméthénamide et du métolachlore. Ces deux substances sont des herbicides de la famille des chloroacétamides, largement utilisées pour le désherbage du maïs. Le métolachlore est interdit en France depuis 2003. Il a été remplacé par le S-métolachlore et est devenu l'un des produits les plus vendus pour le désherbage chimique du maïs depuis l'interdiction de l'atrazine. Le métolachlore OXA et le métolachlore ESA sont deux métabolites de ce désherbant. Sur la gravière de Montrevel, le métolachlore ESA a été quantifié systématiquement à une concentration supérieure à 0.1 µg/l (de 0.11 à 0.15 µg/l), soit à une valeur supérieure au seuil utilisé pour l'eau potable.

  • La gravière d'Anse, dans le départementdu Rhône, se situe au sud de Villefranche-sur-Saône, le long de la Saône. L'essentiel des quantifications de pesticides enregistrées sur ce plan d'eau correspond à des métabolites d'herbicides (31 quantifications/32). Il s'agit principalement de produits de dégradation d'herbicides interdits d'usage en France : le 2,6-dichlorobenzamide (métabolite du dichlobénil, interdit depuis 2010), l'atrazine déséthyl et l'atrazine déisopropyl (métabolites de l'atrazine, interdit depuis 2003) et la terbuthylazine déséthyl (métabolite da la terbuthylazine, interdite depuis 2003 mais réautorisée depuis 2017 pour le désherbage du maïs sous certaines conditions). La quantification de ces diverses substances peut être en partie expliquée par la relation de la masse d'eau avec la nappe alluviale de la Saône.

Tous plans d'eau confondus, ce sont essentiellement des métabolites d'herbicides et des herbicides qui sont retrouvés dans les échantillons d'eau (80 % des quantifications). 44 substances différentes ont été identifiées au total. Le métolachlore ESA et l'AMPA (métabolite du glyphosate) sont celles qui sont le plus largement quantifiées (de l'ordre de 30 % des quantifications de pesticides enregistrées en 2020 sont liées à ces substances - environ 15% des quantifications concernent chacune de ces 2 substances). Le glyphosate est retrouvé sur le plus de plans d'eau différents (11 plans d'eau contre 7 pour le métolachlore-ESA) sans doute du fait de son large spectre d'utilisation. En effet, cet herbicide non sélectif est largement utilisé en zones cultivées mais également pour le désherbage des allées, jardins publics et trottoirs. La dégradation d'autres produits que le glyphosate (notamment des détergents) peut aussi être à l'origine des détections d'AMPA dans les eaux. Par ailleurs, la durée de vie de l’AMPA étant supérieure à celle du glyphosate, cela explique également pourquoi l'AMPA se rencontre plus fréquemment et à de plus fortes concentrations dans les analyses d'eaux.

En termes de somme de pesticides quantifiés, les valeurs les plus élevées sont observées sur deux plans d'eau ne figurant pourtant pas parmi ceux les plus contaminés par ce type de substances : la retenue de Carcès (1.2 µg/l sur l'échantillon de fond de la campagne du 27 mai 2020) et l'étang des Aulnes (0.85 µg/l sur l'échantillon intégré de zone euphotique de la campagne du 11 août 2020). Dans les deux cas, cette valeur est liée à la quantification d'une seule substance, retrouvée en concentration ponctuellement élevée : l'AMPA pour Carcès (1.18 µg/l) et le chlorure de choline pour les Aulnes (0.85 µg/l). Cette dernière est principalement utilisée dans l’industrie de l’alimentation animale, en particulier pour l’alimentation des volailles et des porcs, comme additif alimentaire nutritionnel. Il entre également dans la composition de médicaments hépatoprotecteurs.
Les deux concentrations suivantes dans la liste, proches de 0.6 µg/l, concernent la gravière de Montrevel-en-Bresse et l'étang de Jouarres. Pour ces deux plans d'eau, ces valeurs résultent principalement de la quantification de 2 subtances, le fosétyl et le fosétyl d'aluminium (0.15 µg/l chacune), pesticides utilisés comme fongicide pour lutter contre les diverses maladies sur les cultures destinées à la consommation humaine et animale (principalement utilisés sur la vigne et dans la filière fruits et légumes).
La gravière de Montrevel, la retenue de Carcès et l'étang de Jouarres sont ensuites cités à plusieurs reprises dans ce classement, les substances principalement en causes étant respectivement le métolachlore-ESA, l'AMPA et l'ensemble des pesticides retrouvés pour Jouarres (pas de nette dominance d'une substance en particulier).

La contamination des plans d'eau par les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP).

Les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont quantifiés sur 60 % des plans d'eau (13/22) mais le nombre de quantification par plan d'eau reste toutefois assez faible. 2 plans d'eau totalisent 40 % des quantifications. Il s'agit de la gravière de Montrevel-en-Bresse et du réservoir de la Vingeanne. Dans les deux cas, il s'agit d'une contamination ponctuelle d'un échantillon ou d'une campagne de suivi (échantillon de fond de la campagne du 5 octobre sur Montrevel comptabilisant 8 quantifications en HAP / échantillons intégré et de fond de la campagne du 9 mars sur la Vingeanne comptabilisant respectivement 5 et 6 quantifications de HAP).
Il convient de noter que la gravière de Montrevel est un petit plan d'eau présentant des axes de circulation très proches du plan d'eau (ainsi qu'un karting à proximité immédiate). La retenue de la Vingeanne est également concernée par des voies de circulation automobiles jouxtant le plan d'eau et la D974 traverse même la retenue au niveau de l'arrivée du cours d'eau de la Vingeanne dans la retenue. Ces différents éléments sont des sources potentielles de contamination de ces plans d'eau par les HAP.

  • Nombre de quantifications de HAP et nombre de substances différentes rencontrées par plan d'eau sur l'année 2020
Out[14]:
Nombre de prélèvements Nombre de quantifications Nombre de substances concernées
Nom du plan d'eau
MONTREVEL-EN-BRESSE 8 11 8
VINGEANNE 8 11 6
PALADRU 8 7 6
ENTONNOIR 8 6 5
ANSE 8 5 2
PANTHIER 8 4 3
CHAMPAGNEY 8 3 3
ROUSSES 8 2 2
SAINT-DENIS-LES-BOURG 8 2 2
VESOUL 4 2 2
VOUGLANS 12 2 1
CASTILLON 8 1 1
DRAPEAU 4 1 1

La contamination des plans d'eau par les autres micropolluants organiques.

Parmi les autres micropolluants organiques recherchés, une substance est quantifiée sur la quasi-totalité des plans d'eau suivis en 2020 (19/22) et concentre près de 20 % des quantifications enregistrées pour ce type de substances (58/326). Il s'agit d'une substance en lien avec l'industrie du plastique : le n-butyl phtalate.

Les phtalates sont utilisés notamment comme plastifiant dans les matières plastiques (PVC). Les principales sources d'émission de phtalates dans l'environnement sont plutôt diffuses : utilisation des produits finis en contenant, dégradation des déchets. Le compartiment atmosphérique semble jouer un rôle particulièrement important dans le transfert des phtalates, avec un maximum de contaminations observé en milieu urbain, dans des atmosphères confinées (auto, maison) ou dans les tuyaux PVC (Guide pratique micropolluants, AESN 2018). La fréquence de quantification du n-butyl phtalate atteint une valeur notable (35 %), conséquence du caractère diffus de cette contamination. 80 % des concentrations mesurées en 2020 restent inférieures à 0.1 µg/l. La concentration maximale atteint 0.18 µg/l (réservoir de Panthier, échantillon de fond, 09/03/2020).

Le DEHP, un autre phtalate, arrive également dans le groupe de tête des subtances retrouvées (5ème position). Le di(2-éthylhexyl)phtalate (DEHP) est une substance dangereuse prioritaire de la DCE. Du fait de ses effets sur l'homme et sur l'environnement, il fait l'objet de nombreuses restrictions d'usages. Cette substance contamine 15% des échantillons analysés. Elle est quantifiée sur 60% des plans d'eau suivis en 2020 (13/22). 75 % des quantifications observées en 2020 sont comprises entre 0.4 µg/l et 1.3 µg/l. La concentration maximale atteint 4.9 µg/l (bassin de Champagney, échantillon de fond, 10/03/2020).
Des contaminations par ce type de substances, liées à la phase d'échantillonnage ne sont également pas à exclure. En effet, les plastifiants étant largement utilisés dans la composition des matériels d'échantillonnage, il est possible qu'une part plus ou moins importante des quantifications observées puisse être imputée à l'échantillonnage.

Les perchlorates arrivent en troisième position dans ce classement, avec 30 quantifications enregistrées et 14 plans d'eau concernés. Les perchlorates sont principalement présents sous forme de sels de perchlorates (perchlorate d'ammonium, de sodium,...). Parmi les sels de perchlorate les plus utilisés, le perchlorate d'ammonium a des applications industrielles et militaires, aérospatiales en tant que comburant dans les propulseurs, en pyrotechnie. Les émissions diffuses de perchlorates peuvent être également liées à des origines agricoles et à l'usage historique de certains engrais dans lesquels ils étaient présents en tant qu'impuretés (source : Guide pratique des micropolluants dans les eaux du bassin Seine-Normandie, 2018). Par ailleurs, la contamination de certaines ressources en eau par les ions perchlorates, largement issus de zones contaminées par les résidus de munitions utilisées lors de la première guerre mondiale, est connue. Les quantifications observées reste globalement inférieures à 0.3 µg/l (une seule valeur dépassant la concentration de 0.3 µg/l - valeur guide environnementale pour les eaux douces et littorales, en moyenne annuelle).

Enfin, 4 composés alkyls perfluorés de la famille des perfluorocarbures (PFC) sont également quantifiés (16 à 34 quantifications enregistrées selon les substances concernées). Ces quantifications ne concernent qu'un nombre restreint de plans d'eau (3 à 9 plans d'eau selon les substances). 45 % des quantifications rencontrées concernent seulement deux plans d'eau : la gravière d'Anse (29 % des quantifications observées) et le lac du Drapeau (16 % des quantifications observées). Les deux principaux PFC quantifiés sont deux substances pertinentes à surveiller : l’acide perfluoro-n-hexanoïque (PFHxA) et l’acide perfluorohexanesulfonique (PFHS).
Les PFC regroupent de nombreuses substances utilisées dans de multiples applications industrielles et produits de consommation courante (détergents, imperméabilisants, antiadhésifs, mousses anti-incendie, pesticides…). Très persistants et résistants à la dégradation, ces composés se retrouvent dans tous les compartiments de l'environnement et dans la chaine alimentaire. Le PFOA et le PFOS constituent les produits de dégradation ultime des PFC les plus utilisés (Rapport ANSES, 2011).
Le lac du Drapeau se distingue par le fait que les 4 substances listées ont été quantifiées sur tous les prélèvements effectués sur ce plan d'eau (4 prélèvements sur ce plan d'eau). Concernant la gravières d'Anse, le même constat peut être fait pour trois de ces PFC (seul le PFHS n'est pas systématiquement quantifié). Les concentrations observées varient de 2 ng/l à 27 ng/l. Seul le PFOS dispose de norme de qualité environnementale (il n'a pas été quantifié dans l'eau des plans d'eau suivis en 2020).
A noter que ces 2 plans d'eau sont en relation avec les nappes alluviales où ces composés sont égalements retrouvés (Cf. partie traitant de la contamination par les composés perfluorés des eaux souterraines).

  • Liste des autres micropolluants organiques quantifiés tous plans d'eau confondus sur l'année 2020
Out[15]:
Nombre de quantifications Nombre de plans d'eau concernés
Substance
Cyanures libres 60 20
n-Butyl Phtalate 58 18
Acide perfluoro-n-hexanoïque (PFHxA) 34 9
Perchlorate 30 14
Acide perfluorohexanesulfonique (PFHS) 28 7
DEHP 24 13
Acide perfluoro-octanoïque (PFOA) 21 5
4-tert-butylphénol 19 14
Bisphenol S 17 12
Acide perfluoro-n-heptanoïque (PFHpA) 16 3
Formaldéhyde 13 10
Tributylphosphate 12 8
Monobutyletain cation 10 8
Nitrophénol-2 8 5
Bisphénol-A 7 5
Acide salicylique 6 5
Biphényle 4 3
Dichloréthane-1,2 2 2
Diéthyl phtalate 2 2
EDTA 2 2
Chlorométhane 2 2
Monooctyletain cation 1 1
Trioctyletain cation 1 1
Toluène 1 1
4-nonylphénols ramifiés 1 1
Ethyl tert-butyl ether 1 1
Diphenyletain cation 1 1
Diméthylphénol-2,4 1 1
Dibromochlorométhane 1 1
Chloroforme (Trichlorométhane) 1 1
BDE99 1 1
Diisobutyl phthalate 1 1