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Etat chimique 2023 à la station pour les nitrates - Données 2018-2023
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La situation vis-à-vis des nitrates est sensiblement la même que les années précédentes. Sur les 672 stations de suivi des nitrates, 66 ont présenté un état chimique médiocre pour ce paramètre, soit environ 9,8 %.
Très solubles dans l’eau, les nitrates peuvent constituer une cause majeure de pollution des eaux souterraines. Les nitrates dans les eaux souterraines sont issus majoritairement d’effluents d’élevage et d’apports excessifs d’engrais azotés aux cultures. Les teneurs les plus élevées sont enregistrées dans les secteurs caractérisés par des activités agricoles intensives.
Sur le bassin Rhône-Méditerranée, les principaux secteurs concernés par un état chimique médiocre du fait de concentrations excessives en nitrates sont :
- en Bourgogne Franche Comté et Grand Est : les calcaires jurassiques du Châtillonnais ;
- en Auvergne Rhône Alpes : les couloirs fluvio-glaciaires de l’Est lyonnais et la basse plaine de la Bourbre, les alluvions quaternaires et molasses miocènes dans la région de Valence ;
- en Provence Alpes Côte d’Azur : la plaine de l’Eygoutier, le plateau de Valensole, la molasse miocène du bassin de Carpentras et la plaine de Berre ;
- en Occitanie : les plaines de Mauguio-Lunel et de la Vistrenque.
Sur le bassin de Corse, toutes les stations sont en bon état du point de vue des nitrates, et aucune commune n’est classée en en Zone Vulnérable au titre de la Directive Nitrates.
Etat chimique 2023 à la station pour les pesticides - Données 2018-2023
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Les pesticides (ou produits phytosanitaires) sont utilisés pour protéger les végétaux contre les organismes considérés comme nuisibles. Majoritairement d’origine agricole, les pesticides dans les eaux souterraines peuvent également provenir d’activité non agricole comme le jardinage amateur, l’entretien des voiries et espaces verts et de certains secteurs industriels.
Des résidus de produits phytosanitaires, c’est-à-dire aussi bien les substances actives que leurs produits de dégradation, se retrouvent à l’échelle du bassin sur environ deux tiers des stations de mesure.
Sur les 672 stations DCE, 128 stations, soit 19 %, ont présenté un état chimique médiocre du fait de la présence de pesticides à des teneurs supérieures aux normes de potabilité (0,1 µg/l par substance et 0,5 µg/l pour le total des substances).
La contamination des eaux souterraines par les pesticides est beaucoup plus étendue que celle par les nitrates. Seules les zones montagneuses du bassin, exemptes d’agriculture intensive sont indemnes de contamination par les pesticides. 65,3 % des stations en état chimique médiocre le sont à cause des pesticides.
Les substances responsables du plus grand nombre de déclassements sont des métabolites issus de la dégradation de substances actives.
Environ 40% des déclassements "pesticides" sont dus à la somme des pesticides. Puis, à l’instar des années précédentes, l’atrazine déséthyl déisopropyl, produit de dégradation de l'atrazine, reste une des principales substances déclassantes (avec 6.6 % des stations suivies) près de 20 ans après son interdiction.
L’exemple de l’atrazine montre bien qu’en dépit de l’interdiction d’utilisation de certaines matières actives depuis plusieurs années, leurs produits de dégradation, dont la toxicité peut être supérieure à la molécule mère, seront encore présents dans les eaux souterraines durant de nombreuses années.
Les molécules herbicides comme l’atrazine, le métolachlore, le S-métolachlore et leurs produits de dégradation se retrouvent sur les territoires occupés majoritairement par des grandes cultures essentiellement dans les régions du nord du bassin (Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes) :
en Bourgogne Franche Comté et Grand Est : sur les plateaux calcaires de Haute-Saône et le Val de Saône avec les cultures de céréales ;
en Auvergne Rhône Alpes : sur le plateau plioquaternaire Dombes-Sud, les couloirs fluvio-glaciaires de l’Est lyonnais et la basse plaine alluviale de la Bourbre, les formations quaternaires et molassiques du bas Dauphiné Nord Isère, les formations quaternaires de Bièvre-Valloire et de la plaine de Valence avec les cultures de céréales et d’arbres fruitiers.
En dehors des zones de grandes cultures, la présence de produits phytosanitaires prédomine dans les régions viticoles telles que :
- les pieds des côtes calcaires bourguignonnes, charolaises et mâconnaises ;
- les pieds des côtes calcaires du Rhône ;
- les pieds des plateaux languedociens (essentiellement vignes et vergers).
La pollution des eaux par les pesticides est un problème bien connu mais dont l’ampleur doit être réévaluée avec la recherche de nouvelles molécules et particulièrement la recherche de nouveaux métabolites, ces produits de dégradations des pesticides.
Depuis la mise en place des réseaux de suivi DCE de la qualité des eaux souterraines, le nombre de paramètres recherchés a considérablement augmenté. L’évolution des connaissances et des produits utilisés, l’amélioration des techniques analytiques des laboratoires et leurs prises en compte dans la réglementation sont à la base de la recherche croissante de nouvelles molécules.
Avec la dernière révision de l’arrêté en 2022, une liste de 147 substances pesticides ou produit de dégradation de pesticides doivent être recherchées dans le cadre de la surveillance réglementaire des eaux souterraines. Les techniques analytiques actuelles permettent la recherche synchronisée de plusieurs centaines de molécules dans chaque échantillon à des concentrations très faibles. Ainsi, à partir de 2022, 612 pesticides ou métabolites ont été recherchées sur les bassins Rhône-Méditerranée et de Corse, dont soixante-treize nouvelles molécules.
Le classement des principaux pesticides à l’origine d’un état chimique médiocre révèle la présence notable d’au moins trois de ces molécules nouvellement recherchées.
Le N,N-Dimethylsulfamide (DMS), métabolite du tolylfluanide (propriétés fongicides) :
Recherché depuis 2021, ce métabolite est connu pour se transformer dans les unités de traitement de l’eau en d’autres composés, bien plus dangereux que lui-même. Selon le rapport sur le DMS publié par l’Anses en juillet 2018, la présence de cette molécule dans les eaux brutes, même à un niveau accepté par la réglementation (0,1 µg/L) peut conduire, après passage par des unités de potabilisation fonctionnant à l’ozone, à la présence d’une nitrosamine (la NDMA) dans l’eau du robinet. Le tolylfluanide, le pesticide à l’origine de cet enchaînement de réactions, est une substance active à propriétés fongicides à large spectre, utilisée en application foliaire sur la vigne, en arboriculture fruitière et en cultures légumières. Il a été interdit en France en 2007, D’après une étude danoise, le DMS pourrait également être le produit de dégradation du cyazofamide, un fongicide utilisé, entre autres, pour le traitement du mildiou sur les pommes de terre. Enfin, le DMS est également un métabolite du dichlofluanide, substance active utilisée comme fongicide, acaricide et dans les peintures contre le développement de mousses sur la coque des bateaux, qui contient du N,N-diméthyl-N'-phénylsulfamide ou DMSA comme principal métabolite qui peut se transformer dans le sol en DMS. La présence du DMS a été détecté davantage dans le sud du bassin, en particulier dans la région PACA, où la présence de DMS est la principale cause de déclassement par les pesticides.
Le chloridazone desphényl, métabolite du chloridazone (herbicide sur les cultures de betteraves) :
Le chloridazone est un pesticide qui a été utilisé principalement dans la culture des betteraves jusqu’en décembre 2020. Cette substance n’est plus autorisée à la vente depuis le 1er janvier 2020 et à l’utilisation depuis le 1er janvier 2021. Son métabolite est recherché uniquement depuis 2022 avec une limite de quantification de 0,1 µg/L. Or si les concentrations de la molécule mère sont relativement faibles (quelques ng/l), le chloridazone desphényl a pu être quantifié à des concentrations supérieures à 0,1 µg/L. Les zones où le métabolite a été retrouvé sont des zones de culture de la betterave, principalement dans le nord du bassin, en Bourgogne Franche Comté.
Le chlorure de choline est un régulateur de croissance utilisé en association avec le chlorméquat chlorure. Il n’est plus autorisé sur le marché européen depuis le 30 janvier 2004. L’origine de la présence de choline dans l’eau est plurielle et non uniquement liée à des usages phytopharmaceutiques. Le chlorure de choline est une substance naturelle présente dans le blé. Elle intervient dans la synthèse des lipides et des réactions de méthylation. Le chlorure de choline facilite la pénétration du chlorméquat chlorure dans la plante et en régularise l’action. Le chlorure de choline est recherché depuis 2022, en tant que pesticide, il était utilisé sur le blé, le seigle et l’avoine. Outre cet usage, il a également été utilisé comme « boosteur » de croissance dans les élevages de volailles et de porcs et est donc lié à l’élevage. Également appelé « vitamine B4 » il s'agit d'un additif administré aux volailles et aux porcs afin qu'ils grossissent plus rapidement. Six stations de suivi sont déclassées à cause de la présence de chlorure de choline. Le laboratoire a été interrogé sur la validité des concentrations en chlorure de choline quantifiées en 2022. Il confirme les résultats qui sont jugés conformes après l’examen de la traçabilité des analyses. Il existe cependant un doute sur les données car les analyses réalisées en 2023 révèlent beaucoup moins de quantification (1 quantification en 2023 contre 18 en 2022). L’acquisition de données supplémentaires dans le futur devraient permettre de lever les incertitudes.
Note : la directive européenne 2020/2184 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine définit un métabolite comme pertinent « s’il y a lieu de considérer qu’il possède des propriétés intrinsèques comparables à celles de la substance mère en ce qui concerne son activité cible pesticides ou qu’il fait peser un risque sanitaire pour les consommateurs ». Pour la grande majorité des pesticides et pour les métabolites dit « pertinents », la valeur réglementaire ou la norme de qualité à ne pas dépasser est de 0,1 µg/L. Une autre limite s’applique pour les métabolites dit « non pertinents », elle est de 0,9 µg/L, soit neuf fois supérieures à la norme habituellement appliquée. Le classement d’un métabolite en pertinent ou non pertinent a donc une grande influence dans l’évaluation de l’état des eaux.
Les déclassements dus à l’oxadiazon (pesticide interdit depuis 2015) se situent uniquement sur ou en aval de zones industrielles qui ont produit cette substance : nappe du Drac – rive droite en aval de la confluence avec la Romanche (agglomération de Grenoble) et nappe du Rhône - plaine de Péage-de-Roussillon.
A noter également une pollution historique du plateau de Valensole par le 2-6, dichlorobenzamide, un métabolite de pesticide. Ce dernier est un produit de dégradation du diclobénil, un herbicide aujourd’hui interdit d’utilisation, et qui en l’occurrence a été utilisé sur la lavande.
Remarque : l'évaluation de l'état chimique des eaux souterraines prend en compte l'ensemble des substances pesticides recherchées et leurs métabolites dits pertinents, et non une liste finie de substances comme c'est le cas par exemple pour les cours d'eau.
(+) Substances interdites (++) Produits de dégradation de substances interdites