Etat chimique nitrates à la station - Données 2016-2021
La situation vis-à-vis des nitrates est sensiblement la même que les années précédentes. Sur les 673 stations de suivi des nitrates, 64 ont présenté un état chimique médiocre pour ce paramètre, soit environ 9,5 %.
Très solubles dans l’eau, les nitrates peuvent constituer une cause majeure de pollution des eaux souterraines. Les nitrates dans les eaux souterraines sont issus majoritairement d’effluents d’élevage et d’apports excessifs d’engrais azotés aux cultures. Les teneurs les plus élevées sont enregistrées dans les secteurs caractérisés par des activités agricoles intensives.
Sur le bassin Rhône-Méditerranée, les principaux secteurs concernés par un état chimique médiocre du fait de concentrations excessives en nitrates sont :
- en Bourgogne Franche Comté et Grand Est : les calcaires jurassiques du Châtillonnais ;Sur le bassin de Corse, toutes les stations sont en bon état du point de vue des nitrates, et celui-ci est exempt de classements en Zone Vulnérable.
Etat chimique pesticides à la station - Données 2016-2021
Les pesticides (ou produits phytosanitaires) sont utilisés pour protéger les végétaux contre les organismes nuisibles. Majoritairement d’origine agricole, les pesticides dans les eaux souterraines peuvent également provenir d’activité non agricole comme le jardinage amateur, l’entretien des voiries et espaces verts et de certains secteurs industriels.
Des résidus de produits phytosanitaires, c’est-à-dire aussi bien les substances actives que leurs produits de dégradation, se retrouvent à l’échelle du bassin sur environ deux tiers des stations de mesure.
Sur les 631 stations disposant de données pesticides, 196 stations, soit 31 %, ont présenté un état chimique médiocre du fait de la présence de pesticides à des teneurs supérieures aux normes de potabilité (0,1 µg/l par substance et 0,5 µg/l pour le total des substances).
La contamination des eaux souterraines par les pesticides est beaucoup plus étendue que celle par les nitrates. Parmi les secteurs identifiés avec des déclassements par les nitrates, seule la plaine de l’Eygoutier n’est pas concernée par des déclassements pesticides. Par ailleurs, seules les zones montagneuses du bassin, exemptes d’agriculture intensive sont indemnes de contamination par les pesticides. 78 % des points en état chimique médiocre le sont à cause des pesticides.
Les substances responsables du plus grand nombre de déclassements sont des métabolites issus de la dégradation de substances actives. Le produit de dégradation du S-métolachlor (métolachlore ESA), recherché uniquement depuis 2017, apparait comme la principale substance à l’échelle du bassin à l'origine d'un état chimique médiocre avec environ 17 % des stations suivies. Toutefois, cette substance ne présente des déclassements que dans les régions du nord du bassin (Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes), sur des territoires occupés en majorité par des grandes cultures de maïs :
en Bourgogne Franche Comté et Grand Est : sur les plateaux calcaires de Haute-Saône et le Val de Saône avec les cultures de céréales ;
en Auvergne Rhône Alpes : sur le plateau plioquaternaire Dombes-Sud, les couloirs fluvio-glaciaires de l’Est lyonnais et la basse plaine alluviale de la Bourbre, les formations quaternaires et molassiques du bas Dauphiné Nord Isère, les formations quaternaires de Bièvre-Valloire et de la plaine de Valence avec les cultures de céréales et d’arbres fruitiers.
11,4 % des déclassements sont ensuite dus à la somme des pesticides. Puis, à l’instar des années précédentes, l’atrazine déséthyl déisopropyl, produit de dégradation de l'atrazine, reste une des principales substances déclassantes (avec 8,3 % des stations suivies), près de 20 ans après son interdiction.
En dehors des zones de grandes cultures, la présence de produits phytosanitaires prédomine dans les régions viticoles telles que :
- les pieds des côtes calcaires bourguignonnes, charolaises et mâconnaises ;
- les pieds des côtes calcaires du Rhône ;
- les pieds des plateaux languedociens (essentiellement vignes et vergers).
Les déclassements dus à l’oxadiazon (pesticide interdit depuis 2015) se situent uniquement sur ou en aval de zones industrielles qui ont produit cette substance : nappe du Drac – rive droite en aval de la confluence avec la Romanche (agglomération de Grenoble) et nappe du Rhône - plaine de Péage-de-Roussillon.
A noter également la spécificité du plateau de Valensole, où la principale substance déclassante reste le 2-6, dichlorobenzamide (produit de dégradation du diclobénil anciennement utilisé sur la lavande et aujourd’hui interdit d’utilisation).
L’exemple de l’atrazine montre bien qu’en dépit de l’interdiction d’utilisation de certaines matières actives depuis plusieurs années, leurs produits de dégradation, dont la toxicité peut être supérieure à la molécule mère, seront encore présents dans les eaux souterraines durant de nombreuses années.
Remarque : l'évaluation de l'état chimique des eaux souterraines prend en compte l'ensemble des substances pesticides recherchées et leurs métabolites dits pertinents, et non une liste finie de substances comme c'est le cas par exemple pour les cours d'eau.
(+) Substances interdites (++) Produits de dégradation de substances interdites (+++) Substances autorisées
Nota : les pesticides ne sont à l'origine d'aucun déclassement en Corse
Etat chimique métaux à la station - Données 2016-2021
Nota : l'arrêté d'évaluation de l'état fixe des valeurs seuil pour un certain nombre de paramètres au niveau national. Cependant, des paramètres peuvent être influencés par le contexte géologique (certains métaux, les sulfates, les chlorures, la conductivité en particulier), c'est-à-dire pouvant être présents naturellement dans les eaux : on parle de "fond géochimique". Le préfet coordonnateur de bassin peut alors fixer des valeurs seuil spécifiques plus élevées pour certaines masses d'eau et certains paramètres lorsqu'il est avéré que les anomalies constatées ne résultent pas d'apports anthropiques mais du fond géochimique. Pour les métaux, l'établissement de valeurs seuils spécifiques à l'échelle des masses d'eau s'appuie en grande partie sur l'étude du BRGM "Identification des zones à risque de fond géochimique élevé en élément traces dans les cours d'eau et les eaux souterraines". Les résultats présentés ici prennent en compte le fond géochimique et les valeurs seuil spécifiques éventuelles établies sur certaines masses d'eau.
Sur le bassin Rhône-Méditerranée, quelques stations présentent des déclassements vis-à-vis des métaux :
en Bourgogne Franche Comté et Grand Est :
- La SOURCE DE LA GEGENE à La Haye (88) est déclassée pour des concentrations excessives en baryum. Sur cette masse d’eau, la valeur seuil avait été rehaussée de 700 µg/L à 1000 µg/L à cause de la présence d’un fond géochimique avéré. L’origine naturelle de ces concentrations est donc à privilégier.
- Le PIEZOMETRE N°527-4-N77 à Abergement-La-Ronce (39) présente un déclassement lié à la concentration en arsenic. Cette pollution est d’origine industrielle : le piézomètre est implanté dans les alluvions interfluve Saône-Doubs dans le panache de pollutions industrielles historiques.
- Le PUITS KODAK P1 à Crissey (71) est déclassé pour l’arsenic. A l'aplomb de ce point de suivi, l'aquifère est très vulnérable. La qualité de la nappe est en effet fortement tributaire de la qualité de la Saône (80 % de son alimentation). Par ailleurs, l'occupation des sols sur le secteur est très agricole (70 % de cultures) avec la présence de zones urbaines et industrielles (10 %) située sur le bassin versant hydrogéologique et qui participe également à l’alimentation de l’aquifère. L'eau prélevée est d'ailleurs de mauvaise qualité (présence d'arsenic à des teneurs supérieures à la norme de potabilité de 10 μg/L et contamination par de nombreux pesticides à des teneurs parfois importantes).
- La SOURCE DE LA COMBE à Saint-Jean-De-Vaux (71) est déclassée pour l’uranium. La source émerge dans le talweg d’une combe étroite dans les calcaires à gryphées arquées du Sinémuriens. Ces formations sont encadrées à l'Est par les marnes du Domérien, et à l'Ouest par des terrains granitiques en contact par failles avec les calcaires du Jurassique. L’uranium retrouvé dans les eaux de la source provient potentiellement du contact des eaux souterraines avec le socle granitique.
en Auvergne Rhône Alpes :
- le PIEZOMETRE PRIVE situé sur la commune de Lyon (69) au niveau de la zone industrielle du port Edouard Herriot est déclassé pour l’Arsenic. Cette pollution est en lien avec les activités industrielles du secteur.
en Occitanie :
- le FORAGE DE PRE LONG F4 à Saint-Martial (30) est déclassé par l’uranium, probablement apporté par le fond géochimique. En effet, les apports anthropiques d’uranium dans l’eau s’expliquent généralement par le lessivage de dépôts phosphatés, de résidus miniers et de fertilisants à base de phosphate provenant des terres agricoles. Etant donné l’habitat très dispersé et l’absence quasi-totale de cultures autres que des prairies et également l’absence de toute industrie dans l’aire d’alimentation du forage, il est possible que les concentrations en uranium s'expliquent par la présence de formations granitiques et donc d’un fond géochimique.
- De la même manière, le FORAGE DE ROUMENGA à Montalba Le Château (66) est déclassé par l’uranium sans qu’il soit possible d’identifier une pression sur l’aire l’alimentation de captage. L’origine des concentrations en uranium serait vraisemblablement due à un fond géochimique dans l’aquifère granitique avec un sous-sol riche en réserves d’uranium.
en PACA :
- Le piézomètre S520P à CHATEAU-ARNOUX-SAINT-AUBAN (04) est déclassé par l’arsenic et le baryum. Il est situé en aval du terril d’une zone industrielle et suit la qualité des eaux de la masse d’eau FRDG348 Alluvions de la Durance moyenne en aval de St Auban (emprise du panache de pollution historique).
Ce suivi est réalisé sur 156 points. Ces points appartiennent majoritairement au CO et sont localisés sur ou en aval de zones industrielles et/ou urbaines.
Les déclassements sont principalement dus à la présence de trichloroéthylène et tétrachloroéthylène. La présence de solvants chlorés dans l’environnement est uniquement d’origine anthropique. Ils sont principalement utilisés en tant que dégraissant, détergent et solvant dans l’industrie chimique.
Les nappes contaminées sont principalement situées au niveau de l'agglomération de Dijon, dans le secteur de Tavaux (au Sud-Ouest de Dole), sur la nappe du Rhône au niveau de l’agglomération lyonnaise, sur les alluvions du Drac et de la Romanche sous l'influence des activités industrielles de Jarrie et Pont-de-Claix (agglomération de Grenoble), sur la nappe de la Durance moyenne en aval de Château-Arnoux et au niveau de l'agglomération marseillaise.
Etat chimique BTEX et HAP à la station - Données 2016-2021
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP sont répandus dans l’environnement et proviennent en grande majorité de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole) et du bois.
Au total, les HAP ont été recherchés sur 588 stations. Six stations présentent un état médiocre principalement à cause de la présence de benzo(a)pyrène. Les contaminations sont observées majoritairement dans le nord du bassin. Les BTEX ont quant à eux été recherchés sur 155 stations. Une seule station est déclassée par le Benzène, en aval de la zone industrielle de CHATEAU-ARNOUX-SAINT-AUBAN (04).
Etat chimique autres paramètres physicochimiques à la station - Données 2016-2021
D’autres paramètres peuvent également apparaitre comme déclassants tel que la conductivité, la concentration en chlorure, l’ammonium, etc. Ces éléments peuvent être d’origine naturelle ou industrielle. Ils peuvent également traduire des phénomènes d’intrusion d’eau salée imputables à l’activité humaine.