2. Les éléments de qualité

2.3. Les micropolluants

2.3.3. La contamination des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse

2.3.3.5. La contamination par les autres micropolluants organiques

Les micropolluants organiques autres les plus fréquemment quantifiés.

Les figures ci-dessous présentent pour chacun des supports eau et sédiment les fréquences de quantification des micropolluants organiques autres quantifiés au moins une fois.

Pour le bassin Rhône-Méditerranée et le support eau, quelle que soit la région considérée, les paramètres les plus quantifiés sont :

  • le n-Butyl Phtalate (code SANDRE 1462). Il est utilisé dans une large gamme de produits d’usage courant, tels que les matières plastiques et cosmétiques (parfums, vernis...) .
    Le n-Butyl Phtalate est quantifié dans 43 % des échantillons et contamine 329 stations du bassin Rhône-Méditerranéen. Les concentrations mesurées sont supérieures à 0.08 µg/l pour 50 % d’entre eux et supérieures à 0.14 µg/l pour 10 % d’entre eux. La concentration maximale mesurée est de 7.72 µg/l ;

  • l'EDTA ou Ethylène diamine tétraacétique (code SANDRE 1493). C'est un agent chélatant utilisé dans plusieurs procédés industriels.
    Il entre dans la formulation de nombreux produits. La fiche de données toxicologiques et environnementales de l'Ineris précise que l’EDTA et ses sels sont utilisés principalement dans les produits de nettoyage industriel et domestique mais aussi dans les fertilisants agricoles.
    Pour cette substance, l'Ineris propose des normes de qualité environnementale qui n'ont aucun statut réglementaire et doivent donc être considérées comme des valeurs guides et non des normes : 40 µg/l pour la concentration moyenne annuelle et 78 µg/l pour la concentration maximale admissible dans l'eau.
    L’EDTA est quantifié dans 25 % des échantillons et contamine 190 stations du bassin Rhône-Méditerranéen. Les concentrations mesurées sont supérieures à 12 µg/l pour 50 % d’entre eux et supérieures à 48 µg/l pour 10 % d’entre eux. La concentration maximale mesurée est de 838 µg/l. L’incapacité des stations d’épuration à éliminer ce composé (substance très peu biodégradable) explique en partie la contamination des cours d’eau par l'EDTA. Par ailleurs, son aptitude à former des complexes métalliques très stables peut priver les organismes vivants d’éléments essentiels (calcium, magnésium,…) et faire de l’EDTA un composé très toxique ;

  • le formaldéhyde (code SANDRE 1702).
    Il est quantifié dans 19 % des échantillons et contamine 290 stations du bassin Rhône-Méditerranéen. Les concentrations mesurées sont supérieures à 2 µg/l pour 50 % d’entre eux et supérieures à 6 µg/l pour 10 % d’entre eux. La concentration maximale mesurée est de 189 µg/l.
    Le formaldéhyde est un intermédiaire de synthèse utilisé pour la fabrication de résines, de produits chimiques, d’engrais. Il est également employé comme agent désinfectant, comme biocide dans les industries agro-alimentaire, pharmaceutique et cosmétique.
    Sa présence dans l’environnement résulte principalement des échappements non catalysés des automobiles et des rejets d’eaux usées provenant de la fabrication ou de l’utilisation du formol (Guide pratique des substances toxiques, AESN, 2008).
    Pour cette substance, l'Ineris propose des normes de qualité environnementale (NQE) de 10 µg/l pour la concentration moyenne annuelle et de 100 µg/l pour la concentration maximale admissible dans l'eau. Ces valeurs n'ont aucun statut réglementaire et doivent donc être considérées comme des valeurs guides et non des normes ;

  • le tributylphosphate (code SANDRE 1847). C'est un polluant spécifique de l'état écologique et dont la NQE est de 82 µg/l pour la concentration moyenne annuelle.
    Il est quantifié dans 14 % des échantillons et contamine 252 stations. Les concentrations mesurées sont supérieures à 0.009 µg/l pour 50 % d’entre eux et supérieures à 0.051 µg/l pour 10 % d’entre eux. La concentration maximale mesurée est de 430 µg/l.
    Le tributylphosphate est classé comme une substance cancérogène suspectée, et dangereuse avec des effets à long terme pour les milieux aquatiques. En Europe, il est principalement utilisé par l’industrie comme retardateur de flamme et comme solvant (fiche de données toxicologiques et environnementales des substances chimiques, Ineris, 2017).

Au-delà de ces 3 composés, 6 composés alkyls perfluorés de la famille des perfluorocarbures (PFC) sont quantifiés avec des fréquences de quantification plus ou moins importantes.
Les deux principaux PFC quantifiés sont deux substances pertinentes à surveiller : l’acide perfluoro-n-hexanoïque (PFHxA) et l’acide perfluorooctanesulfonique (PFOA) avec des fréquences de quantification respectives de 20 et 17 %.
Les PFC regroupent de nombreuses substances utilisées dans de multiples applications industrielles et produits de consommation courante (détergents, imperméabilisants, antiadhésifs, mousses anti-incendie, pesticides…).
Très persistants et résistants à la dégradation, ces composés se retrouvent dans tous les compartiments de l'environnement et dans la chaine alimentaire. Le PFOA et le PFOS constituent des produits de dégradation ultime des PFC les plus utilisés (Rapport ANSES, 2011).
Certains de ces composés sont suspectés d'avoir des effets perturbateurs endocriniens. Ainsi, le PFOS, substance dangereuse prioritaire, a été quantifié dans 2 % des échantillons et contamine 34 stations. Les concentrations mesurées sont supérieures à 0.0261 µg/l pour 50 % d’entre eux et supérieures à 0.0641 µg/l pour 10 % d’entre eux.
La concentration maximale mesurée est de 1.88 µg/l. Ses NQE sont de 0.00065 µg/l pour la concentration moyenne annuelle et de 36 µg/l pour la concentration maximale admissible.

Pour le support sédiment, quel que soit le bassin considéré les paramètres les plus quantifiés sont :

  • le toluène (code SANDRE 1278), substance pertinente à suivre.
    Il est quantifié dans 43 % des échantillons et contamine 196 stations du bassin Rhône-Méditerranée. Les concentrations mesurées sont supérieures à 16 µg/kg de matière sèche (MS) pour 50 % d’entre eux et supérieures à 76 µg/kg de MS pour 10 % d’entre eux. La concentration maximale mesurée est de 2580 µg/kg de MS. Les usages du toluène sont multiples : essence, fabrication du benzène, intermédiaire de synthèse, solvant dans les peintures, l’encre, les produits pharmaceutiques, additif dans les produits cosmétiques (Fiche de données toxicologiques et environnementales des substances chimiques de l'Ineris, 2016) ;

  • le DEHP (code SANDRE 6616), substance dangereuse prioritaire de l’état chimique.
    Peu soluble, il s’adsorbe sur les sédiments où il se concentre et se dégrade plus difficilement. Il est quantifié dans 35 % des échantillons et contamine 157 stations du bassin Rhône-Méditerranéen. Les concentrations mesurées sont supérieures à 243 µg/kg de matière sèche (MS) pour 50 % d’entre eux et supérieures à 1380 µg/kg de MS pour 10 % d’entre eux. La concentration maximale mesurée est de 57000 µg/kg de MS.
    Le DEHP est un plastifiant largement utilisé pour la production de PVC souple. Cependant, en tant que perturbateur endocrinien avéré, l’usage du DEHP est de plus en plus réglementé. Il est notamment interdit dans les produits à risque tels les cosmétiques, les jouets. Présent dans de nombreux produits, son émission dans l’environnement est majoritairement diffuse et par conséquent difficile à maîtriser ;

  • le crésol-para (code SANDRE 1638), substance pertinente à suivre.
    Il est quantifié dans 20 % des échantillons et contamine 101 stations du bassin Rhône-Méditerranéen. Les concentrations mesurées sont supérieures à 103 µg/kg de MS pour 50 % d’entre eux et supérieures à 463 µg/kg de MS pour 10 % d’entre eux. La concentration maximale mesurée est de 2820 µg/kg de MS.
    Ce composé a été très utilisé pour la fabrication de résines synthétiques (bakélite).

Une autre substance contamine fréquemment les cours d'eau du bassin Rhône-Méditerranéen, le BDE209 (code SANDRE 1815), substance pertinente à surveiller.
Il est quantifié dans 26 % des échantillons et contamine 111 stations. Les concentrations mesurées sont supérieures à 15 µg/kg de matière sèche (MS) pour 50 % d’entre eux et supérieures à 67 µg/kg de MS pour 10 % d’entre eux. La concentration maximale mesurée est de 2830 µg/kg de MS.
Le BDE209 est un décabromodiphényléther utilisé comme retardateur de flamme dans les composés en plastique (boîtiers d'ordinateur et de télévision...) et produits textiles (moquette, tapisserie...).