L'évaluation de l’état chimique des eaux souterraines à la station consiste à déterminer, pour un ensemble de polluants (nitrates, pesticides, polluants d'origine industrielle, produits pharmaceutiques...), si des dépassements de la valeur seuil nationale (ou norme de qualité européenne ou valeur seuil bassin liée au fond hydrogéochimique) sont constatés. Deux valeurs caractéristiques sont calculées (moyenne des moyennes annuelles et fréquence de dépassement des concentrations) puis comparées aux différentes valeurs seuils existantes. Cette évaluation conduit à deux états possibles : bon état (couleur bleue) ou état médiocre (couleur rouge).
Ce chapitre propose une présentation générale des données exploitées (programme analytique et chiffres clés) et précise les éléments méthodologiques de l’évaluation de l’état des eaux souterraines (valeurs seuils utilisées et évolution de la réglementation).
Les réseaux de surveillance DCE de la qualité des eaux souterraines sont destinés à « fournir une image cohérente et globale de l'état chimique des eaux souterraines de chaque district hydrographique et permettre de détecter la présence de tendances à la hausse à long terme de la pollution induite par l'activité anthropogénique » (Annexe V.2 de la DCE).
En fonction du risque identifié de non-respect des objectifs environnementaux de la DCE, un ou deux types de réseau correspondant aux niveaux de contrôle exigés par la directive sont mis en place sur les masses d'eau souterraine.
1/ un réseau de contrôle de surveillance (RCS) : réseau pérenne destiné à fournir une image cohérente et globale de l’état chimique des eaux souterraines et de son évolution à long terme.
2/ un réseau de contrôle opérationnel (RCO) : réseau temporaire destiné à suivre plus en détail les masses d'eau souterraine recensées comme présentant un risque de non atteinte du bon état.
Ces deux réseaux sont redéfinis à chaque nouveau SDAGE soit tous les 6 ans et ajustés à la marge chaque année, pour remplacer des stations qui ne seraient plus exploitables, ou pour faire face à des problématiques particulières.
Répartition des stations de suivi pour l’année 2023 :
Note : une station peut appartenir à la fois au RCS et au RCO
La surveillance des eaux souterraines pour le Contrôle de Surveillance est composée de campagnes d’analyses « régulières », « intermédiaires » et « photographiques ». L’arrêté du 25 janvier 2010 modifié établissant le programme de surveillance de l’état des eaux définit les paramètres à analyser par type de campagne.
Ci-dessous, un schéma du programme analytique pluriannuel du RCS sur la période 2018-2023
Réalisé tous les ans sur tous les points de suivi RCS à une fréquence de 2 par an, avec un prélèvement en période de hautes eaux et un prélèvement en période de basses eaux. Le suivi régulier comprend :</p>
Réalisé tous les ans sur tous les points de suivi RCS à une fréquence de 2 par an, comprenant un prélèvement en période de hautes eaux et un prélèvement en période de basses eaux, avec chaque année une famille de paramètre différente. De cette manière, chaque famille de paramètre est analysée une fois par cycle (tous les 6 ans).
En complément de la campagne photographique, le suivi intermédiaire est réalisé sur un sous-réseau composé d’au moins 25 % des points du RCS. Ces points sont sélectionnés sur chaque campagne en fonction des résultats d’analyse obtenus lors des précédentes campagnes sur la famille chimique visée par la campagne intermédiaire et sur les pressions sur le milieu pouvant avoir un impact sur la qualité de l’eau.
Pour les points RCO, réalisation d’analyses incluant un suivi physico-chimique de base (éléments majeurs) et ainsi qu’un programme analytique incluant les paramètres à l’origine d’un risque de non atteinte du bon état à une fréquence de 4 par an. Trois types de programmes sont choisis en fonction du type de polluants : nitrates, pesticides et substances toxiques d’origine industrielle (micropolluants organiques hors pesticides et micropolluants minéraux).
Données 2018-2023
L’état au point (c’est-à -dire au niveau d’une station de suivi) est évalué conformément au Guide d’évaluation de l’état des eaux souterraines (MTES 2019) suivant des règles que l’on peut résumer ici :
- L’état au point est calculé à partir des données disponibles sur une période de 6 ans ;
- L’état au point pour un paramètre est considéré comme médiocre si la Moyenne des Moyennes Annuelles (MMA) dépasse la valeur seuil de ce paramètre ou si plus de 20 % des prélèvements dépassent la valeur seuil ;
- L’état au point est médiocre si un moins un paramètre est médiocre ;
- Les analyses non quantifiées avec une LQ dépassant la valeur seuil ne sont pas considérées ;
- Pour un paramètre individuel, lorsqu’une analyse est non quantifiée, on prend comme résultat la moitié de la limite de quantification pour le calcul de la MMA ;
- Pour le calcul de la MMA d’une somme, lorsqu’une analyse est non quantifiée, on prend comme résultat 0.
Les valeurs seuil considérées sont listées dans l’arrêté dit « d’évaluation de l’état des eaux souterraines » de 2023. Celles-ci concernent tous type de paramètres, notamment la physico-chimie classique, les minéraux et les polluants organiques.
Pesticides et métabolites :
Cet arrêté fixe une valeur seuil pour l’ensemble des « substances actives des pesticides, ainsi que les métabolites et produits de dégradation et de réaction pertinents ».
Par « pesticide », il est entendu « les produits phytopharmaceutiques et les produits biocides ».
Par « produits de dégradation et de réaction pertinents », il est entendu « les métabolites caractérisés comme pertinents par l’ANSES à la date de publication du présent arrêté ».
Liste des produits phytosanitaires, biocides et métabolites :
Les substances pesticides et métabolites sont celles listées dans les 3 groupes du Sandre suivants :
- Liste A - Phytosanitaire - Liste A – Biocides - Liste A - Métabolites Les deux substances suivantes sont ajoutées à l’analyse : AMPA (métabolite du Glyphosate) - Anthraquinone (répulsif) Concernant la substance suivante appartenant au troisième groupe :Acide trichloroacétique : paramètre non considéré car c’est principalement un sous-produit de chloration lors de la désinfection de l’eau potable.
Métabolites non pertinents :
Conformément à l’arrêté d’évaluation 2023, métabolites considérés comme non pertinents auxquels s’appliquent le seuil de 0,9 µg/L sont ceux classés non pertinents par l’ANSES à la date de publication du dit arrêté :
- Acétochlore ESA [6856] - Acétochlore OXA [6862] - Alachlore ESA [6800] - Diméthachlore CGA 369873 [7727] - Diméthachlore ESA (CGA 354742) [6381] - Diméthénamide ESA [6865] - Diméthénamide OXA [7735] - Métazachlore ESA [6895] - Métazachlore OXA [6894] - Métolachlore ESA [6854] - Métolachlore NOA (413173) [7729] - Métolachlore OXA [6853]Fond Géochimique :
L'arrêté d'évaluation, conformément à la directive cadre sur l'eau, prévoit la possibilité d'établir des valeurs seuil spécifiques pour certains paramètres sur certaines masses d'eau quand la présence d'un fond hydrogéochimique induit des valeurs hautes pour ces paramètres. Ces valeurs seuil sont établies au niveau du Bassin, elles sont reportées dans les documents d'accompagnement du SDAGE.