Les composés perfluorés (PFC) ou substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) constituent une vaste classe chimique caractérisée par la substitution totale ou partielle d’atomes d’hydrogène par des atomes de fluor autour du carbone. Tous les PFAS contiennent des liaisons carbone-fluor très stables. Ces liaisons chimiques stables en font des composés chimiques très peu dégradables dans l’environnement. C’est la raison pour laquelle les PFAS sont aussi connu sous le nom de « polluants éternels ».
Ces molécules sont synthétisées par l’industrie chimique depuis la fin des années 40 en particulier afin d’élaborer des produits résistants à l’eau et aux produits gras. D’après la littérature, il existe plus de 4000 substances appartenant à cette classe chimique, toutes d’origine anthropique. En raison de leurs propriétés hydrophobes et lipophobes ainsi que de leur stabilité thermique et chimique, elles possèdent un champ d'application très large : vêtements contre la pluie, revêtements anti-adhésifs pour batteries de cuisine et revêtements superficiels anti-taches, mousses anti-incendie, etc. L’utilisation des PFAS et de leurs dérivés dans un ensemble relativement important de produits à usages industriels et domestiques, fait que ces composés peuvent se diffuser largement dans l’environnement.
Le bassin Rhône Méditerranée compte trois des cinq sites de production français de PFAS : au sud de Lyon, à Tavaux dans le Jura et à Salindres dans le Gard à l’est d’Alès. Il compte également des industries utilisant ou ayant massivement utilisé les PFAS dans leur process, comme par exemple à Rumilly.
Les PFAS ont été recherchés par l’Agence de l’Eau uniquement à partir de l’année 2017. Dans un premier temps, la campagne 2017 n’a pas établi la présence des composés per- et polyfluoroalkylés car les limites de quantification des molécules étaient trop élevées. Depuis 2018, une diminution de ces limites de quantification a permis de mettre en évidence de faibles concentrations de PFAS dans les eaux souterraines des bassins Rhône Méditerranée et de Corse. Les résultats présentés ci-après excluent les données de la campagne de 2017. Les concentrations maximales mesurées sont de l’ordre de 0.1 à 0.15 µg/l. Quelques concentrations supérieures à 0.2 µg/L sont enregistrées comme la concentration en acide perfluoro-octanoïque (PFOA) de 0.221 µg/l dans la région de Rumilly (74) ou la concentration de 0.233 µg/l en acide perfluorohexanesulfonique (PFHxS) dans la région de Pont-de-Cheruy à côté du centre des pompiers. Mais en moyenne, les concentrations mesurées sont dix fois moindres, de l’ordre de 0.01 µg/l à 0.015 µg/l. Parmi les quinze PFAS recherchés, six ont été quantifiés. Les quatre PFAS les plus fréquemment retrouvés sont le PFHxA, PFHxS, PFOA et PFHpA avec des fréquences de quantification de l’ordre de 10 à 16.3 % à l’échelle des bassins Rhône Méditerranée et de Corse. Puis viennent les sulfonates de perfluorooctane (PFOS anion) et le PFHpS avec des fréquences de quantification de quelques pourcents. Il est possible que les fréquences de quantification soient fortement liées aux limites de quantification (LQ). Les quatre molécules les plus fréquemment quantifiées ont des LQ de 0.002 µg/l (à partir de 2018). Les sulfonates de perfluorooctane ont une LQ de 0.02 µg/l, soit dix fois supérieures aux LQ des quatre PFAS les plus quantifiés. L’acide perfluoroheptane sulfonique (PFHpS) a, quant à lui, la plus basse LQ (0.001 µg/l). Les molécules non quantifiées ont des LQ comprises entre 0.002 µg/l et 0.2 µg/l.
Depuis 2018, les PFAS sont quantifiés sur environ 37 % des points de suivi. Ces points se trouvent en grande majorité dans des aquifères avec des vulnérabilités intrinsèques importantes et souvent en liaison avec les eaux superficielles (aquifères alluviaux ou dans une moindre mesure dans les aquifères karstiques).
La région Auvergne-Rhône-Alpes présente la plus grande proportion de points avec des quantifications, environ 61 % des points de suivi. Les points sont majoritairement localisés dans des zones urbaines et industrielles en particulier au niveau de l’agglomération lyonnaise.
En Provence Alpes Côte d’Azur, 53 % des points suivis ont présenté au moins une quantification.
En Occitanie, environ 20 % des points de suivi ont présenté une contamination aux PFAS. La zone la plus touchée se trouve au niveau des plaines de Mauguio-Lunel et de la Vistrenque.
23 % des points suivis dans la région Bourgogne Franche Comté et Grand Est ont révélé la présence de PFAS. La vallée du Doubs et la région de Dijon sont particulièrement impactées.
Les perfluorés sont également quantifiés sur les aquifères alluviaux de Corse, dans la région de Calvi et d'Ajaccio sur la côte Ouest et sur la plaine de la Marana-Casinca sur la côte Est.
Données 2018-2021