La figure ci-dessous présente les 30 pesticides les plus fréquemment quantifiés.
Sur le bassin Rhône-Méditerranée, le glyphosate et son métabolite l’AMPA restent parmi les substances les plus quantifiées avec des
fréquences de quantification respectives de 42 % et 79 %. Elles figurent également parmi les substances qui présentent les concentrations mesurées les plus élevées, respectivement 11.7 μg/l (Gravellon à Thervay 1 - Novembre 2021) et 99.6 μg/l (Bief de Cone à Montracol - Avril 2020).
Les données issues de la banque nationale des ventes distributeurs (BNVD) sont cohérentes avec ce constat puisque, pour les bassins Rhône-Méditerranée et de Corse, le glyphosate figure toujours en tête des ventes avec un peu plus de 3 000 tonnes vendues sur les années 2020, 2021 et 2022. Si le glyphosate est l'herbicide le plus vendu, c'est aussi à la fois le plus soluble et le plus à même de se fixer sur la matière organique du sol.
Son usage comme désherbant non sélectif est très courant. Il est employé en zones agricoles pour tous les types de culture. Son utilisation par les collectivités a été interdite en 2017. Cette interdiction a été élargie aux particuliers le 1er janvier 2019.
La dégradation d'autres produits que le glyphosate (notamment des détergents) peut aussi être à l'origine des détections d'AMPA dans les eaux. Toutefois, si l'on retrouve de l'AMPA et du glyphosate dans une même analyse, en toute vraisemblance l'AMPA provient majoritairement de la dégradation de ce même glyphosate. Par ailleurs, la durée de vie de l’AMPA est supérieure à celle du glyphosate, ce qui explique également pourquoi l'AMPA ressort plus fréquemment et à de plus fortes concentrations dans les analyses d'eau.
Le métolachlore est un herbicide interdit en France depuis 2003. Il a été remplacé par le S-métolachlore, qui est devenu l'un des produits les plus vendus pour le désherbage chimique du maïs depuis l'interdiction de l'atrazine. Avec près de 480 tonnes vendues sur les années 2020, 2021 et 2022, le S-métolachlore est le 3ème herbicide le plus vendu sur le bassin Rhône-Méditerranée sur la période 2020-2022. Si le S-métolachlore n'est pas parmi les substances les plus fréquemment quantifiées (un peu moins de 10 % des prélèvements) :
Le tableau ci-dessous liste les herbicides dont les ventes sont supérieures à 100 tonnes et qui sont pourtant rarement quantifiés en comparaison d'autres substances. Ainsi, les pesticides qui présentent les ventes les plus importantes ne sont pas nécessairement les plus fréquemment quantifiés. Pour exemple, le diflufénicanil, dont les ventes s'élèvent à 78 tonnes sur la période, est quantifié dans 33 % des prélèvements.
Code Sandre | Substance | Quantité vendue (en tonnes) | Fréquence de quantification |
---|---|---|---|
1092 | prosulfocarbe | 1 127 | 6 % |
1234 | pendimethaline | 369 | 5 % |
5617 | dimethenamide | 221 | 11 % |
1136 | chlorotoluron | 206 | 7 % |
1141 | 2,4-d | 198 | 3 % |
1414 | propyzamide | 167 | 11 % |
1688 | aclonifen | 158 | 3 % |
1519 | napropamide | 105 | 2 % |
Cela s'explique en partie par leurs propriétés physico-chimiques telles que leur solubilité dans l'eau ou leur aptitude à se fixer à la matière organique du sol. Ainsi, même si ce sont les deux herbicides les plus vendus après le glyphosate, le prosulfocarbe et la pendiméthaline sont peu quantifiés dans l’eau : étant pas ou peu solubles dans l'eau, ils ont tendance à s'adsorber sur les particules en suspension dans l'eau ainsi que sur les sédiments, particulièrement la pendiméthaline.
Bien que les matières actives de la famille des fongicides et de la famille des insecticides soient moins répandues, elles représentent néanmoins chacune respectivement 20 % et 15 % des matières actives quantifiées. Les fongicides sont les pesticides les plus vendus (plus de 30 000 tonnes) devant les herbicides (près de 8 000 tonnes) et les insecticides (un peu plus de 4 000 tonnes). Les insecticides et les fongicides sont pourtant plus rarement quantifiés. Les herbicides sont en effet plus solubles, leur utilisation plus fréquente et leur mode d'application (pulvérisation directement sur le sol et/ou une végétation peu développée) favorable au transfert de ces pesticides vers les cours d’eau par ruissellement alors que les fongicides et les insecticides sont moins solubles, sont appliqués plus tardivement sur une végétation davantage développée.
Avec des fréquences de quantification de 9 % pour le propiconazole, de 6 % pour le fluopicolide et de 5 % pour le tébuconazole, ce sont les trois fongicides les plus quantifiés sur la période :
Avec près de 1 500 tonnes vendues sur les bassins Rhône Méditerranée et de Corse sur la période, les ventes de fosethyl-aluminium sont élevées. Ce pesticide est toutefois rarement quantifié (moins de 5 %).
Les fongicides qui figurent parmi les substances organiques pesticides les plus vendues sont les suivants : foséthyl-aluminium, metiram, folpel, captane, mancozèbe, ziram, ametoctradine et tébuconazole. Seules quatre d'entre elles ont été quantifiées au moins une fois (fosetyl-aluminium, folpel, ametoctradine, tebuconazole). Les laboratoires ne maîtrisent pas toujours l’analyse en routine de ces composés (composés non analysés ou limite de quantification élevée).
Exemple de lecture du graphique :
Sur la période, le glyphosate, un herbicide et un polluant spécifique de l'état écologique, a été quantifié dans 41.9 % des échantillons d'eau prélevés. La concentration maximale mesurée est de 11.7 µg/L et le nombre de stations contaminées au moins une fois de 362.