Cours d'eau

1. L'état des cours d'eau

1.2. L'état chimique

L’état chimique des eaux superficielles est évalué à partir des concentrations dans l’eau de 50 substances ou familles de substances pour lesquelles les normes de qualité environnementale (NQE) fixées par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) ne doivent pas être dépassées.

Les substances prises en compte sont :

  • des pesticides : ils sont destinés à lutter contre des organismes considérés comme nuisibles (mauvaises herbes, insectes, champignons…). Bien que principalement employés par la profession agricole, ils sont également utilisés en zone non agricole par les particuliers (entretien des jardins), les collectivités et gestionnaires d’infrastructures (entretien des voiries et espaces verts) et par certains secteurs industriels (bois).

  • des composés organiques halogénés volatils ou COHV : ils regroupent une grande variété de substances chimiques aux caractéristiques très variables. Ils entrent dans la composition de nombreux produits industriels et domestiques (solvants, intermédiaires de synthèse, peintures, encres, colles, détachants…).

  • des hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP : ils sont très répandus et proviennent en grande majorité de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole) et du bois.

  • des métaux : ils proviennent essentiellement d’activités anthropiques (métallurgie, traitements de surface, incinération des ordures ménagères…) mais pas exclusivement. En effet, certains sont naturellement présents dans l’environnement tel le nickel qui est très répandu dans certaines régions comme les Alpes, le Massif Central, la Corse. La prise en compte d'un fond géochimique et l'application d'un modèle de calcul de la fraction dissoute biodisponible permet d'éviter des déclassements abusifs pour les métaux naturellement présents dans l'environnement.

  • d'autres substances (diphényléthers bromés, dérivés du benzène, chlorophénols et composés phénoliques, composés de l’étain, composés perfluorés, nonylphénols, phtalates, organochlorés, dioxines, furannes).

Toxiques, persistantes et bioaccumulables, les substances de l’état chimique entraînent des dommages importants, notamment pour les écosystèmes aquatiques. C’est pourquoi, en application de la Directive Cadre sur l’Eau, leurs rejets, émissions et pertes doivent être supprimés ou réduits.

Un diagnostic de l'état chimique conditionné par les HAP

Tous réseaux confondus, 66.3 % des stations situées sur le bassin Rhône-Méditerranée et 74.3 % des stations situées sur le bassin de Corse sont en bon état chimique.

L'amélioration continue de l'état chimique jusqu'en 2022 s'explique par la division par 4 de la concentration en HAP dans le milieu.

Depuis l'année 2023, l'état chimique des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse se dégrade. Ceci s'explique par les progrès analytiques accomplis par les laboratoires : la division par 10 de la limite de quantification de l'acide perfluorooctanesulfonique (PFOS) a mis en évidence une contamination de nombreux cours d'eau par cette substance.
Cette substance est aujourd'hui à l'origine du plus grand nombre de déclassements de l'état chimique (120 stations sur les 219 en mauvais état). Le PFOS était pourtant bien présent dans nos cours d'eau, puisque son interdiction d'utilisation date de l'année 2009. La cyperméthrine, un insecticide classé EnvA, c'est à dire "très toxique pour l'environnement" est également à l'origine du mauvais état chimique de 60 stations. Les ventes de cyperméthrine ont augmenté de 20 % entre 2021 et 2022, et explique la hausse de détection de cette substance dans les cours d'eau.

Etat chimique des stations des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse.

Cliquez sur une station pour accéder à des informations sur ses références, son état...

Répartition des classes d'état chimique par bassin et type de réseau.

Attention, une station pouvant appartenir à plusieurs réseaux, il n'est pas pertinent de faire la somme des stations des onglets RCS, CO et REF pour obtenir le nombre total de stations dans un état donné.

Exemple de lecture du graphique: le PFOS déclasse 120 stations, soit 55 % des stations en mauvais état chimique.