L’état chimique des eaux superficielles est évalué à partir des concentrations dans l’eau de 41 substances ou familles de substances pour lesquelles les normes de qualité environnementale (NQE) fixées par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) ne doivent pas être dépassées.
Les substances prises en compte sont :
des pesticides : ils sont destinés à lutter contre les organismes nuisibles (mauvaises herbes, insectes, champignons…). Bien que principalement employés par la profession agricole, ils sont également utilisés en zone non agricole par les particuliers (entretien des jardins), les collectivités et gestionnaires d’infrastructures (entretien des voiries et espaces verts) et par certains secteurs industriels (bois).
des composés organiques halogénés volatils ou COHV : ils regroupent une grande variété de substances chimiques aux caractéristiques très variables. Ils entrent dans la composition de nombreux produits industriels et domestiques (solvants, intermédiaires de synthèse, peintures, encres, colles, détachants…).
des hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP : ils sont très répandus et proviennent en grande majorité de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole) et du bois.
des métaux : ils proviennent essentiellement d’activités anthropiques (métallurgie, traitements de surface, incinération des ordures ménagères…) mais pas exclusivement. En effet, certains sont naturellement présents dans l’environnement tel le nickel qui est très répandu dans certaines régions comme les Alpes, le Massif Central, la Corse. La prise en compte d'un fond géochimique et l'application d'un modèle de calcul de la fraction dissoute biodisponible permet d'éviter des déclassements abusifs pour les métaux naturellement présents dans l'environnement.
d'autres substances (diphényléthers bromés, dérivés du benzène, chlorophénols et composés phénoliques, composés de l’étain, nonylphénols, phtalates, organochlorés).
Toxiques, persistantes et bioaccumulables, les substances de l’état chimique entraînent des dommages importants, notamment pour les écosystèmes aquatiques. C’est pourquoi, en application de la Directive Cadre sur l’Eau, leurs rejets, émissions et pertes doivent être supprimés ou réduits.
Globalement, 85 % des stations situées sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse sont en bon état chimique. La division par 4 de la concentration en HAP dans le milieu au cours des 10 dernières années a permis une nette amélioration de l'état chimique de nos cours d'eau. Ces substances, avec le mercure, restent cependant à l'origine du plus grand nombre de déclassements de l'état chimique. Par exemple, le benzo(g,h,i) pérylène participe au déclassement de 62 stations sur les 84 en mauvais état chimique. Le mercure est présent naturellement dans le charbon et le pétrole, et on estime qu'environ 70 % des rejets anthropiques de mercure dans l’atmosphère proviennent de la combustion de combustibles fossiles et de l’incinération des déchets. L'état chimique reflète donc majoritairement une pollution d'origine diffuse et atmosphérique dont la source est la combustion de matières fossiles pour la production d’énergie, le chauffage, le transport… et pour laquelle il sera difficile de supprimer ou réduire les rejets ou émissions de façon efficace et rapide.
Exemple de lecture du graphique: le benzo(g,h,i) pérylène déclasse 62 stations, soit 75% des stations en mauvais état chimique