La majorité des plans d'eau suivis en 2021 ont donné lieu à un suivi de micropolluants sur le support sédiment (plans d'eau du RCS : suivi effectué tous les 3 ans / plans d'eau du CO à risque "Substances" et/ou "Nutriments" et/ou "Pesticides" : suivi effectué tous les 3 ans). 300 substances sont recherchées dans les sédiments. Ces substances sont analysées sur une seule campagne annuelle, effectuée en fin de période estivale. Le tableau ci-dessous récapitule les plans d'eau ayant fait l'objet d'un suivi de ce type en 2021.
Plan d'eau (département) |
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Aiguebelette (73) |
Avène (34) |
Bouillouses (66) |
Clairvaux (39) |
Ilay (39) |
Laffrey (38) |
Monteynard- Avignonet (38) |
Petichet (38) |
Remoray (25) |
Saint-Point (25) |
Sautet (38) |
Villefort (48) |
Vinça (66) |
Codole (2B) |
Figari (2A) |
Les grands types de substances quantifiées
Le graphique ci-dessous illustre le nombre de quantifications enregistrées des principales familles de micropolluants par plan d'eau sur l'année 2021 :
Nombre de substances recherchées par famille de micropolluants : Micropolluants minéraux (26), HAP (20), PCB-Dioxines-Furanes (25), Pesticides (73), Emergents (8), Micropolluants organiques autres (148) en 2021.
Comme sur le support "Eau", les éléments traces métalliques constituent la principale famille de micropolluants retrouvés dans les sédiments de plans d'eau. Tous les plans d'eau étudiés affichent ainsi entre 23 et 25 micropolluants minéraux quantifiés sur les 26 paramètres recherchés. Leur présence naturelle dans l’environnement et leur forte capacité d’adsorption sur le support sédiment expliquent ce nombre élevé de quantifications.
La totalité des plans d'eau suivis présentent également des quantifications de HAP. Ces composés sont issus de la combustion incomplète des énergies carbonées (chauffage, transport). Les HAP sont des composés généralement peu solubles dans l’eau. Ils s’adsorbent sur les sédiments où ils vont s'accumuler. Le ruissellement des eaux pluviales sur la chaussée et les apports atmosphérques (lessivage de l'atmosphère lors des précipitations) sont les principales voies de transfert des HAP vers les milieux aquatiques.
Trois plans d'eau localisés dans le Doubs (Saint-Point, Remoray) et dans le Jura (Ilay) présentent des concentrations élevées en HAP (entre environ 4500 et 7500 µg/kg MS). Le chauffage au bois sur ce secteur géographique peut expliquer le niveau de contamination en HAP observé.
Pour l'ensemble des plans d'eau suivis, les concentrations observées par substance restent inférieures à la PEC ("probable effect concentration", MacDonald et Al 2000), mais dépassent la TEC ("Treshold effect concentration") pour de nombreuses substances dans les cas des trois plans d'eau cités précedemment. La qualité des sédiments de ces plans d'eau paraît ainsi altérée mais il n'est pas possible de conclure sur le risque réel de toxicité.
Somme des concentrations en HAP (µg/kg MS) | Nombre de HAP quantifiés | |
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Nom du plan d'eau | ||
SAINT-POINT | 7458 | 19 |
ILAY | 4506 | 20 |
REMORAY | 4465 | 18 |
LAFFREY | 1567 | 18 |
VILLEFORT | 1303 | 16 |
VINCA | 819 | 14 |
BOUILLOUSES | 636 | 13 |
PETICHET | 501 | 13 |
MONTEYNARD-AVIGNONET | 346 | 12 |
CLAIRVAUX | 343 | 11 |
AVENE | 275 | 10 |
CODOLE | 235 | 11 |
AIGUEBELETTE | 155 | 8 |
SAUTET | 106 | 6 |
FIGARI | 71 | 4 |
TEC | PEC | SAINT-POINT | ILAY | REMORAY | LAFFREY | VILLEFORT | VINCA | BOUILLOUSES | PETICHET | |
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Substance | ||||||||||
Anthracène | 57.2 | 845 | 128.0 | 50.0 | 79.0 | 21.0 | 31.0 | 23.0 | 12.0 | |
Benzo (a) Anthracène | 108 | 1050 | 506.0 | 161.0 | 313.0 | 59.0 | 97.0 | 58.0 | 29.0 | 33.0 |
Benzo (a) Pyrène | 150 | 1450 | 690.0 | 225.0 | 400.0 | 87.0 | 97.0 | 99.0 | 63.0 | 44.0 |
Chrysène | 166 | 1290 | 519.0 | 361.0 | 312.0 | 114.0 | 98.0 | 50.0 | 47.0 | 39.0 |
Dibenzo (ah) Anthracène | 33 | 91.0 | 74.0 | 51.0 | 23.0 | 15.0 | ||||
Fluoranthène | 423 | 2230 | 1150.0 | 537.0 | 732.0 | 217.0 | 182.0 | 119.0 | 109.0 | 72.0 |
Fluorène | 77.4 | 536 | 36.0 | 22.0 | 24.0 | 13.0 | 11.0 | |||
Naphtalène | 176 | 561 | 28.0 | 37.0 | ||||||
Phénanthrène | 204 | 1170 | 342.0 | 226.0 | 219.0 | 91.0 | 83.0 | 50.0 | 58.0 | 45.0 |
Pyrène | 195 | 1520 | 1010.0 | 345.0 | 637.0 | 121.0 | 158.0 | 107.0 | 75.0 | 57.0 |
TEC : Threshold Effect Concentration = concentration seuil d'effet
PEC : Probable Effect Concentration = concentration produisant un effet probable
La TEC correspond à une valeur seuil déclencheuse d'effets alors que la valeur PEC prédit des effets probables. En dessous du seuil TEC, les organismes ne sont pas considérés comme affectés par les différentes substances, car les concentrations sont très faibles. Au-dessus du seuil TEC, les organismes les plus sensibles sont possiblement affectés par les substances toxiques, alors qu'au-dessus du seuil PEC, les concentrations sont suffisamment élevées pour produire des effets néfastes sur les organismes [Surveillance de la qualité des sédiments en Suisse, Etat actuel des méthodes disponibles et mise en place de recommandations, Centre Suisse d'écotoxologie appliquée, 2012]
Contrairement aux HAP que l'on retrouve sur la quasi-totalité des plans d'eau, les composés du groupe des "PCB, Dioxines, Furanes" se concentrent sur un nombre plus limité de plans d'eau (6/15). Seuls des composés appartenant aux PolyChloroBiphényls (PCB) ont été quantifiés. Les PCB (aussi connus sous le nom de pyralène) sont des composés aromatiques chlorés synthétiques, longtemps utilisés dans l'industrie comme isolant électrique (condensateurs électriques), ignifugeant et lubrifiant. Ils étaient également utilisés dans les vernis, encres, peintures, solvants...
Leur utilisation est interdite en France depuis 1987. Très peu solubles dans l'eau, très persistants (très peu biodégradables), ils s'accumulent dans le milieu naturel (sol, sédiment) et dans la chaîne alimentaire (substances lipophiles). Les retombées atmosphériques sont également à considérer comme voie de contamination (incinérateurs).
Le lac de Laffrey, et dans une moindre mesure, ceux d'Ilay et de Saint-Point se distinguent des autres plans d'eau suivis par les concentrations mesurées en termes de somme de PCB quantifiés et également par le nombre de congénères différents identifiés (6 à 8 pour les lacs d'Ilay et de Saint-Point et jusqu'à 14 congénères pour le lac de Laffrey). Ces trois plans d'eau présentaient déjà des quantifications pour ce groupe de substances lors des précédents suivis et en des concentrations assez similaires pour les lacs d'Ilay et de Saint-Point. La valeur obtenue en 2021 pour le lac de Laffrey est par contre plus importante (x3) par rapport aux résultats des précédents suivis réalisés. Même si les échantillons ne sont pas directement comparables, cette situation sera à surveiller sur les prochains suivis. Pour ce plan d'eau, la somme des 7 PCB indicateurs habituellement considérés atteint 45.4 µg/kg MS, soit une valeur restant inférieure à la TEC (59.8 µg/kg MS, McDonald et al 2000). Il faut cependant noter que cette valeur seuil paraît relativement élevée au regard de l'impact potentiel sur la contamination des poissons. Ainsi, dans le cadre de l'étude "Plan Rhône" et selon l'approche s'appuyant sur un modèle statistique, les seuils de 5.9 et 12.7 µg/kg MS (ΣPCBi dans les sédiments) étaient proposés pour que respectivement 75 % et 90 % des poissons soient conformes au seuil réglementaire de consommation (Babut, Miege et al. 2011).
Somme des concentrations en PCB (µg/kg MS) | Nombre de PCB quantifiés | |
---|---|---|
Nom du plan d'eau | ||
LAFFREY | 76.1 | 14 |
ILAY | 17.4 | 8 |
SAINT-POINT | 11.6 | 6 |
PETICHET | 4.4 | 3 |
VINCA | 4.0 | 3 |
FIGARI | 1.1 | 1 |
Concernant le groupe des phytosanitaires, seuls trois plans d'eau présentent des quantifications de ce type en 2021.
Les substances retrouvées sont différentes selon les plans d'eau. Ainsi, deux produits de dégradation du DDT (DDE-p,p' et DDD-p,p') sont quantifiés sur le lac de Laffrey : insecticide largement utilisé au milieu du XXème siècle avant d'être interdit dans les années 1970 en raison de son impact environnemental et sanitaire important. Ce composé est aujourd'hui encore toléré dans de nombreux pays pour lutter contre le paludisme.
Sur la retenue de Codole, un pesticide organochloré utilisé dans l'agriculture en tant que miticide ou acaricide est quantifié : le dicofol. Il est destiné à être utilisé sur diverses cultures, dont le coton.
La retenue des Bouillouses n'est pas indemne de ce type de quantification puisqu'un insecticide utilisé en viticulture, en arboriculture, pour les cultures de légumes et de céréales a été quantifié : la deltaméthrine. Elle est également utilisée lors d'opérations de démoustication pour lutter contre des moustiques adultes vecteurs de maladies (dengue, chikungunya...). La concentration mesurée n'est pas négligeable puisque dépassant les 30 µg/kg MS. Cette substance n'avait pas été quantifiée sur ce plan d'eau lors du précédent suivi datant de 2015.
Il convient également de noter que dans ce traitement de données, l'anthraquinone a été considérée en tant que HAP et non pas de phytosanitaire. Cette substance, dérivée de l'anthracène, peut se retrouver naturellement dans l'environnement (certains animaux, plantes en contiennent), mais c'est aussi une substance active de produits phytosanitaires, utilisée comme répulsif des oiseaux. Cette substance a été quantifiée sur 8 plans d'eau à une concentration généralement inférieure à 20 µg/kg MS. Seuls 4 plans d'eau affichent une valeur supérieure (Villefort 32 µg/kg MS, Remoray 45 µg/kg MS, Ilay 49 µg/kg MS et le lac de Saint-Point 66 µg/kg MS).
Aucun composé du groupe des substances dites "émergentes" n'a été identifié en 2021.
Somme des concentrations en PHYTOSANITAIRES (µg/kg MS) | Nombre de PHYTOSANITAIRES quantifiés | |
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Nom du plan d'eau | ||
BOUILLOUSES | 31.4 | 1 |
CODOLE | 25.0 | 1 |
LAFFREY | 22.0 | 2 |
8 autres micropolluants organiques ont été quantifiés. Le di(2-éthylhexyl)phtalate (DEHP) et le toluène sont les deux substances quantifiées sur le plus grand nombre de plans d'eau (respectivement 8 et 5 plans d'eau).
Les phtalates sont utilisés pour assouplir les matières plastiques et entrent donc dans la composition de nombreux plastiques (dont les PVC). Le DEHP est le plus utilisé des phtalates. Il s'agit d'une substance dangereuse prioritaire. La présence de phtalates dans l'environnement provient de la dégradation des déchets plastiques et du ruissellement de l'eau sur les surfaces plastifiées en contenant. La pollution par les phtalates est donc essentiellement d'origine diffuse. Le DEHP est biodégradable mais peut persister plus longtemps que d’autres phtalates dans le milieu aquatique où il va s’associer aux sédiments et ainsi mieux résister à la dégradation en mode aérobie (Dargnat, 2009). Les concentrations observées en 2021 restent faibles et sont généralement inférieures ou égales à 200 µg/kg MS (seule une valeur dépasse ce seuil : 697 µg/kg MS pour la retenue de Figari).
Le toluène est un composé organique volatil de la famille des BTEX utilisé comme solvant ou additif dans différents produits (essence, peintures, vernis,...). Il a été retrouvé sur 5 plans d'eau dans des concentrations variant de 10 à 43 µg/kg MS (Avène Monteynard, Figari, Vinça et Sautet). Cette gamme de concentration reste largement inférieure à la valeur guide environnementale calculée de 1576 µg/kg MS ("QS SED FW" =Valeur de référence spécifique (QS) applicable dans les sédiments visant la protection des organismes benthiques dulçaquicoles contre une écotoxicité directe, Portail Substances Chimiques - INERIS).
Nombre de plans d'eau concernés | |
---|---|
Substance | |
DEHP | 8 |
Toluène | 5 |
Crésol-méta | 2 |
Crésol-para | 2 |
Benzène | 1 |
Biphényle | 1 |
Dibutyletain cation | 1 |
Tributyletain cation | 1 |