Les plans d'eau suivis en 2020 ont presque tous donné lieu à un suivi de micropolluants sur le support sédiment (plans d'eau du RCS : suivi effectué tous les 3 ans / plans d'eau du CO à risque "Substances" et/ou "Nutriments" et/ou "Pesticides" : suivi effectué tous les 3 ans). 300 substances sont recherchées dans les sédiments. Ces substances sont analysées sur une seule campagne annuelle, effectuée en fin de période estivale. Le tableau ci-dessous récapitule les plans d'eau ayant fait l'objet d'un suivi de ce type en 2020 (seuls les retenues de Verne et de Bimont ne sont pas concernés/ plans d'eau CO à risque hydrologie uniquement).
Plan d'eau (département) | Suivi Micropolluants sédiment |
---|---|
Anse (69) | X |
Aulnes (13) | X |
Carcès (83) | X |
Castillon (04) | X |
Champagney (70) | X |
Devesset (07) | X |
Drapeau (69) | X |
Entonnoir (25) | X |
Grand-Maison (38) | X |
Jouarres (11) | X |
Montrevel-en-Bresse (01) | X |
Paladru (38) | X |
Panthier (21) | X |
Rousses (39) | X |
Saint-Denis-lès-Bourg (01) | X |
Sylans (01) | X |
Vaivre-Vesoul (70) | X |
Vingeanne (52) | X |
Villeneuve de la Raho (66) | X |
Vouglans (39) | X |
Calacuccia (2B) | X |
Ospédale (2A) | X |
Les grands types de substances quantifiées
Le graphique ci-dessous illustre le nombre de quantifications enregistrées des principales familles de micropolluants par plan d'eau sur l'année 2020 :
Nombre de substances recherchées par famille de micropolluants : Micropolluants minéraux (26), HAP (20), PCB-Dioxines-Furanes (25), Pesticides (73), Emergents (8), Micropolluants organiques autres (148) en 2020.
Comme sur le support "Eau", les éléments traces métalliques constituent la principale famille de micropolluants retrouvés dans les sédiments de plans d'eau. Tous les plans d'eau étudiés affichent ainsi entre 23 et 25 micropolluants minéraux quantifiés sur les 26 paramètres recherchés. Leur présence naturelle dans l’environnement et leur forte capacité d’adsorption sur le support sédiment expliquent ce nombre élevé de quantifications.
La quasi totalité des plans d'eau suivis présentent des quantifications de HAP (seul l'étang de Jouarres n'est pas concerné par ce type de quantifications en 2020). Ces composés sont issus de la combustion incomplète des énergies carbonées (chauffage, transport). Les HAP sont des composés généralement peu solubles dans l’eau. Ils s’adsorbent sur les sédiments où ils vont s'accumuler. Le ruissellement des eaux pluviales sur la chaussée et les apports atmosphérques (lessivage de l'atmosphère lors des précipitations) sont les principales voies de transfert des HAP vers les milieux aquatiques.
Trois plans d'eau localisés en Haute-Saône (Champagney), en Haute-Marne (Vingeanne) et dans le Doubs (Entonnoir) présentent des concentrations élevées en HAP (entre environ 2600 et 4000 µg/kg MS). Le chauffage au bois sur ce secteur géographique peut expliquer le niveau de contaminations en HAP observé.
Contrairement aux HAP que l'on retrouve sur la quasi-totalité des plans d'eau, les composés du groupe des "PCB, Dioxines, Furanes" se concentrent sur un nombre plus limité de plans d'eau (8/22). Seuls des composés appartenant aux PolyChloroBiphényls (PCB) ont été quantifiés. Les PCB (aussi connus sous le nom de pyralène) sont des composés aromatiques chlorés synthétiques, longtemps utilisés dans l'industrie comme isolant électrique (condensateurs électriques), ignifugeant et lubrifiant. Ils étaient également utilisés dans les vernis, encres, peintures, solvants...
Leur utilisation est interdite en France depuis 1987. Très peu solubles dans l'eau, très persistants (très peu biodégradables), ils s'accumulent dans le milieu naturel (sol, sédiment) et dans la chaîne alimentaire (substances lipophiles). Les retombées atmosphériques sont également à considérer comme voie de contamination (incinérateurs).
Le bassin de Champagney se distingue des autres plans d'eau suivis avec la concentration la plus élevée mesurée en termes de somme de PCB quantifiés et également par le nombre de congénères différents identifiés (10 congénères). La concentration obtenue (inférieure à 20 µg/kg MS) reste modérée mais n'est pas pour autant négligeable (somme de 14.7 µg/kg MS pour les 7 PCB indicateurs habituellement considérés).
Concernant le groupe des substances dites "émergentes", une seule substance a été retrouvée et uniquement sur un plan d'eau, la retenue de Calacuccia, en faible concentration. Il s'agit d'une substance utilisée dans l'industrie cosmétique en tant que filtre ultraviolet absorbant les rayonnements (le 4-Methylbenzylidene camphor).
Aucun composé du groupe des phytosanitaires n'a été identifié en 2020.
Il convient cependant de noter que l'anthraquinone a été considérée dans ce traitement de données en tant que HAP. Cette substance, dérivée de l'anthracène, peut se retrouver naturellement dans l'environnement (certains animaux, plantes en contiennent), mais c'est aussi une substance active de produits phytosanitaires, utilisée comme répulsif des oiseaux. Cette substance a été quantifiée sur 10 plans d'eau à une concentration généralement inférieure à 20 µg/kg MS. Seuls 3 plans d'eau affichent une valeur supérieure (Champagney 33 µg/kg MS, Vingeanne 32 µg/kg MS et le lac des Rousses 26 µg/kg MS).
19 autres micropolluants organiques ont été quantifiés. Le di(2-éthylhexyl)phtalate (DEHP), est de loin la substance quantifiée sur le plus grand nombre de plans d'eau (14 plans d'eau).
Les phtalates sont utilisés pour assouplir les matières plastiques et entrent donc dans la composition de nombreux plastiques (dont les PVC). Le DEHP est le plus utilisé des phtalates. Il s'agit d'une substance dangereuse prioritaire. La présence de phtalates dans l'environnement provient de la dégradation des déchets plastiques et du ruissellement de l'eau sur les surfaces plastifiées en contenant. La pollution par les phtalates est donc essentiellement d'origine diffuse. Le DEHP est biodégradable mais peut persister plus longtemps que d’autres phtalates dans le milieu aquatique où il va s’associer aux sédiments et ainsi mieux résister à la dégradation en mode aérobie (Dargnat, 2009). Les concentrations observées en 2020 sont généralement inférieures à 250 µg/kg MS (valeur maximale 2020 de 460 µg/kg MS sur la ravière d'Anse).
Douze des substances listées ci-dessous ne sont rencontrées que sur un seul plan d'eau ce qui paraît assez surprenant étant donné le plan d'eau concerné (Calacuccia en Haute-Corse) et le type de substances identifiées. Ainsi plusieurs composés organiques volatils de la famille des BTEX utilisés comme solvants ou additifs dans différents produits (essence, peintures, vernis,...) ont été retrouvés : benzène, xylène, éthylbenzène. Cette contamination apparait assez surprenante, compte tenu des faibles activités autour du plan d'eau. De plus, la navigation au moteur thermique est interdite sur le plan d’eau, et les
échantillonnages ont été effectués à l’aide d’une embarcation équipée d’un moteur électrique rendant peu probable une contamination liée au prélèvement. Un autre groupe de substances, appartenant également aux composés organiques volatils, a été étonnemment identifié sur la retenue de Calacuccia, il s'agit de solvants chlorés (chloroforme, tétrachloroéthylène, 1,2-dichloroéthane, tétrachlorure de carbone), de même que 2 composés appartenant à la famille des chlorofluorocarbures (CFC), dérivés chloré et fluoré d'hydrocarbures, anciennement utilisés notamment dans les bombes aérosols, les isolants, les réfrigérateurs mais interdits depuis plus de 30 ans du fait de leur effet desctructeur sur la couche d'ozone. Ces résultats ont été confirmés par le laboratoire d'analyse mais la quantification de ces catégories de substances sur ce plan d'eau ne trouve pas d'explication, d'autant que les suivis précédents ne relevaient pas la présence de ces différents composés. Une attention particulière devra être portée aux résultats des prochains suivis réalisés sur ce plan d'eau afin de surveiller si de telles valeurs se rencontrent à nouveau.