4. La contamination par les perfluorés

Les composés perfluorés (PFC) constituent une vaste classe chimique caractérisée par la substitution totale ou partielle d’atomes d’hydrogène par des atomes de fluor autour du carbone. Ces molécules sont synthétisées par l’homme depuis la fin des années 40 en particulier afin d’élaborer des produits résistants à l’eau et aux produits gras. D’après la littérature, il existe plus de 800 substances appartenant à cette classe chimique, dont la totalité est d’origine anthropogénique. De par leurs propriétés hydrophobes et lipophobes ainsi que de leur stabilité thermique et chimique, ils possèdent un champ d'application très large : vêtements contre la pluie, revêtements anti-adhésifs pour batteries de cuisine et revêtements superficiels anti-taches, mousses anti-incendie, etc. L’utilisation des PFC et de leurs dérivés dans un ensemble de produits à usages industriels et domestiques, fait que ces composés peuvent entrer dans l’environnement de façon très diffuse.

4.1 Les perfluorés les plus fréquemment quantifés

Les PFC sont considérés comme des polluants émergents et ont été recherchés par l’Agence de l’Eau uniquement à partir de l’année 2017. Dans un premier temps, la campagne 2017 n’a pas établi la présence des composés perfluorés car les limites de quantification des molécules étaient trop élevées. Depuis 2018, une diminution de ces limites de quantification a permis de mettre en évidence de faibles concentrations de perflurés dans les eaux souterraines des bassins Rhône Méditerranée Corse.

Les concentrations maximales mesurées sont de l’ordre de 0.1 à 0.15 µg/l avec une concentration maximale en acide perfluoro-octanoïque de 0.221 µg/l dans la région de Rumilly (74) mais en moyenne les concentrations mesurées sont dix fois moindre, de l’ordre de 0.01 µg/l à 0.015 µg/l.

Parmi les quinze PFC recherchés, six ont été quantifiés. Les quatre PFC les plus fréquemment retrouvés sont le PFHxA, PFHS, PFOA, et PFHpA avec des fréquences de quantification de l’ordre de 9 à 14 % à l’échelle des bassins Rhône Méditerranée et Corse. Puis viennent l’acide perfluoroheptane sulfonique et les sulfonates de perfluorooctane avec des fréquences de quantification de quelques pourcents.

Il est possible que les fréquences de quantification soient fortement liées aux limites de quantification (LQ). Les quatre molécules les plus fréquemment quantifiées ont des LQ de 0.002 µg/l (à partir de 2018). Les sulfonates de perfluorooctane ont une LQ de 0.02 µg/l, soit dix fois supérieures aux LQ des quatres PFC les plus quantifiés. L’acide perfluoroheptane sulfonique a, quant à lui, la plus basse LQ (0.001 µg/l). Les molécules non quantifiées ont des LQ comprises entre 0.005 µg/l et 0.2 µg/l.

4.2 Répartition de la contamination par les PFC

Les PFC sont quantifiés sur environ 30 % des points de suivi. Ces points se trouvent en grande majorité dans des aquifères alluviaux (71 %) ou dans une moindre mesure dans les aquifères karstiques (15 %). Il s’agit donc d’aquifères avec des vulnérabilités intrinsèques importantes et souvent en liaison avec les eaux superficielles.

La région Auvergne-Rhône-Alpes présente la plus grande proportion de points avec des quantifications, environ 40 % des points de suivi. Les points sont majoritairement localisés dans des zones urbaines et industrielles en particulier au niveau de l’agglomération lyonnaise.

En Provence Alpes Côte d’Azur, 36 % des points suivis ont présenté au moins une quantification. Ils sont majoritairement localisés sur la zone littorale.

En Occitanie, 29 % des points de suivi ont présentés une contamination aux PFC. La zone la plus touchée se trouve au niveau des plaines de Mauguio-Lunel et de la Vistrenque.

Dans une plus faible proportion, 18 % des points suivis dans la région Bourgogne Franche Comté et Grand Est ont révélé la présence de PFC. La vallée du Doubs et la région de Dijon sont particulièrement impactées.

Les perflluorés sont également quantifiés sur les aquifères alluviaux de Corse, dans la région de Calvi sur la côte Ouest et sur la plaine de la Marana-Casinca sur la côte Est.