L'INERIS a publié sur son site une liste de Normes de Qualité Environnementale (NQE) et de Valeurs Guides Environnementales (VGE) pour plus de 200 substances.
L'analyse suivante repose sur 2 indicateurs :
Les stations prises en compte sont les stations du contrôle de surveillance, ainsi que les stations du contrôle opérationnel soumises à des pressions par ce type de substances. Les substances dangereuses et dangereuses prioritaires sont échantillonnées sur un tiers des stations du RCS chaque année. Un regroupement triennal des données a donc été opéré afin de comparer le même jeu de stations sur chacune des périodes.
Ainsi, les données de l'année 2008 correspondent à la moyenne des données acquises entre 2006 et 2008, l'année 2009 à la moyenne des données acquises entre 2007 et 2009...
Les substances suivantes ont été écartées de l'analyse :
Liste des substances traitées : Tox_Subst.xlsx
Nombre de HAP recherchés dans l’eau en 2019 : 18
Nombre de HAP quantifiés dans l’eau en 2019 : 17
Nombre de HAP avec une NQE ou une VGE : 8
Dans l'environnement, les HAP sont majoritairement issus des activités humaines. Ils sont formés et émis lors de la combustion incomplète de n’importe quelle matière organique dont le bois et les matières fossiles (essence, fuel, charbon). En France, les sources anthropiques de HAP sont majoritairement le chauffage résidentiel qui représente 66 % des émissions, et le transport routier, responsable de 25 % des émissions de HAP.
Sur la période 2008-2019, la fréquence de quantification des HAP au-delà de leur NQE a presque doublé, passant de 11 à 18 %. Les HAP pris en compte dans cette évaluation sont au nombre de huit. Mis à part l'anthracène et le naphtalène, les autres HAP ont des normes de qualité environnementales (NQE) très basses, de l'ordre du dixième de nanogramme par litre. Ces NQE sont bien en deçà des limites de quantification pratiquées par les laboratoires d'analyses. Ainsi, pour ces substances, la NQE est dépassée à chaque fois que ces substances sont quantifiées. La hausse notable de la fréquence de quantification des HAP à partir de 2014 est uniquement due à une baisse concomitante des limites de quantification pratiquées par les laboratoires. Suivant les substances, ces limites de quantification ont été divisées par 2 ou 10, augmentant ainsi significativement leur fréquence de quantification.
Les substances les plus toxiques rencontrées dans les cours d'eau sont de loin les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP). Leurs concentrations dans le milieu ont été divisées par 4 au cours des dernières années, mais elles restent encore en moyenne 15 fois supérieures aux normes admises pour la protection de l’environnement. Les politiques de réduction de la consommation énergétique, et, plus globalement, toutes les politiques menées pour lutter contre le réchauffement climatique et améliorer la qualité de l’air ont un impact positif sur la qualité des milieux vis-à-vis des HAP.
Nombre de pesticides et pesticides recherchés dans l’eau en 2019 : 684
Nombre de pesticides et biocides quantifiés dans l’eau en 2019 : 310
Nombre de pesticides et biocides avec une NQE ou une VGE : 103
Les pesticides sont des substances utilisées pour lutter contre les organismes considérés comme nuisibles. Les plus utilisés sont les herbicides, les fongicides et les insecticides. Mis à part quelques rejets ponctuels d’industriels du secteur des pesticides, la source quasi exclusive de la contamination des cours d’eau des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse est d’origine agricole.
La baisse brutale de la fréquence de quantification des pesticides au-delà de leur NQE entre 2010 et 2011 est principalement due à une baisse spectaculaire du nombre de quantification de l'aminotriazole. Cette substance herbicide est maintenant interdite de vente et d'utilisation en France depuis le 31 décembre 2015.
L’impact toxique moyen envers le milieu des substances phytosanitaires a été divisé par 2 sur la période 2008 - 2019. Il est actuellement de l'ordre de 50 % de la norme. Cette baisse est principalement due à l'évolution de la réglementation qui retire progressivement du marché les substances les plus toxiques. L’inversion de la tendance constatée pour l’année 2018 peut s’expliquer par la hausse des ventes de produits phytosanitaires constatée pour cette année-là.
La hausse spectaculaire des quantités de produits phytosanitaires à usages agricoles vendues en 2018 (+ 17 %) peut s’expliquer par une anticipation de la hausse de la redevance pour pollution diffuse au 1er janvier 2019 (stockage des produits phytosanitaires). Les substances les plus toxiques (T, T+, CMR) sont celles dont la redevance a le plus fortement augmenté en 2019, et qui, par conséquent, ont probablement été le plus stockées en 2018 (hausse des ventes de 44 %). Les ventes de 2019, en très nette baisse, confirment l’hypothèse que la hausse des ventes constatée en 2018 n'était qu'un effet d'anticipation des achats avant la hausse de la redevance.
Nombre de micropolluants organiques recherchés dans l’eau en 2019 : 340
Nombre de micropolluants organiques quantifiés dans l’eau en 2019 : 190
Nombre de micropolluants organiques avec une NQE ou une VGE : 79
Les « micropolluants organiques autres » regroupent l’ensemble des micropolluants organiques autres que HAP et pesticides. Il s’agit par exemple de produits pharmaceutiques, de solvants chlorés, de retardateurs de flammes utilisés dans le traitement des textiles, de détergents… Ces substances, aux propriétés multiples et variées, peuvent être émises par l'industrie lors de leur fabrication, mais également lors de leur utilisation par les ménages, les artisans...
Les fréquences de quantification des micropolluants organiques au-delà de leur NQE sont très faibles (de l'ordre de 0,1 %) sur la période.
A l'instar des pesticides, l’impact toxique de ces substances a chuté sur la période 2008 - 2017. Depuis 2018, l’amélioration des techniques de laboratoire a permis la détection de nouvelles substances dans le milieu (PFOA et PFOS, substances classées dangereuses prioritaires par la réglementation européenne), mettant en lumière un impact toxique significativement supérieur à celui connu jusqu’alors.
Nombre de métaux recherchés dans l’eau en 2019 : 27
Nombre de métaux retrouvés dans l’eau en 2019 : 26
Nombre de métaux avec une NQE ou une VGE : 14
Suivant les composés, les sources de contamination des cours d'eau peuvent être très diverses :
fonds géochimique : c'est le cas par exemple de l'arsenic et du nickel sur certains secteurs du bassin. Cette source naturelle peut être accentuée par d'anciennes interventions humaines sur le milieu, favorisant l'érosion des roches riches en métaux. C'est le cas par exemple des anciens secteurs miniers des hauts bassins versants du Gard.
rejets des industries : le chrome, le nickel, le zinc sont des métaux très utilisés dans l'industrie du traitement de surface. Ces industries sont principalement concentrées dans les vallées de l'Arve en Haute-Savoie, et de la Bienne dans le Jura.
mais également, à l'instar des HAP, les émissions atmosphériques (incinérateurs d’ordures ménagères par exemple).
Les niveaux de contamination relevant des métaux ont été divisés par 6. Les opérations collectives mobilisant les collectivités et le tissu industriel local avec l’aide de l’agence de l’eau ont permis une très nette amélioration de la qualité des milieux. Aujourd'hui, plus aucun métal n'est par exemple à l’origine d’un déclassement de l’état des eaux de l’Arve ou de la Bienne.